Covid-19: La Chine dit ne pas être impliquée avec la propagation du virus

La conclusion du rapport est claire: à en croire certains scientifiques chinois, la pandémie de Covid-19 ne peut en aucun cas être originaire de Chine, d’après de récents travaux disponibles en ligne mais non publiés. Les chercheurs y ont analysé plus de 17.000 échantillons prélevés dans des chauves-souris vivant de Chine, et n’ont détecté aucun virus apparenté au SARS-CoV-2, responsable du Covid-19. Une conclusion que la communauté scientifique juge aberrante.

Une étude totalement opaque

Le communiqué disponible en ligne expose que «de façon surprenante, nous n’avons pas réussi à trouver de SARS-CoVs dans cette étude, malgré le fait que nous ayons collecté 17.504 échantillons chez 66 espèces de chauves-souris différentes dans des parties importantes de la Chine entre 2010 et 2021″, remarquent les scientifiques chinois à l’origine de cette nouvelle analyse. Et ils ne sont pas les seuls à être surpris. «Je n’y crois pas une seconde», commente auprès de Science News, la scientifique Alice Hughes, dont les propres travaux en 2021 sur le sol chinois avaient au contraire mis au jour quatre virus apparentés au SARS-CoV-2.

Pourtant, cette étude se limitait au jardin botanique tropical de Xishuangbanna, 11 km carrés situés au sud-ouest de la Chine. Lorsque dans la nouvelle étude, les chercheurs affirment n’avoir rien trouvé malgré des milliers d’échantillons récoltés dans 703 localisations de Chine, le scepticisme est donc de mise. Pour d’autres, il s’agit carrément de «foutaises», comme le dit d’ailleurs auprès de Science News, Edward Holmes, co-auteur des travaux d’Alice Hughes. «Il y a une grande contradiction entre cette étude et d’autres qui doit être expliquée», dit-il.

Une guerre de la communication et de la désinformation

Si Pékin était ouvert à l’idée que la pandémie avait bien débuté sur son sol au début, aujourd’hui, elle indique une myriade de façons dont le SARS-CoV-2 aurait pu arriver à Wuhan de l’étranger, transporté par des aliments congelés contaminés ou par des étrangers infectés – peut-être aux Jeux mondiaux militaires de Wuhan, en octobre 2019 – ou libéré accidentellement par un laboratoire militaire américain situé à plus de 12 000 kilomètres de Wuhan. Son objectif est d’éviter d’être blâmé pour la pandémie de quelque manière que ce soit, explique Filippa Lentzos, sociologue au King’s College de Londres qui étudie les menaces biologiques et la sécurité sanitaire. «La Chine ne veut tout simplement pas avoir le mauvais rôle», dit-elle. «Ils doivent maintenir une image de contrôle et de compétence. Et c’est ce qui se passe par tout ce qu’ils font.»

Pour Marc Oliver Rieger, mathématicien allemand et professeur d’économie, le constat vient du fait qu’«en Chine, les théories de la conspiration qui voient le coupable en dehors des frontières nationales, et en particulier aux États-Unis, sont très populaires”, même chez les plus éduqués. Cette guerre de communication permanente entre les deux super-puissances les amène à des extrémités qui parfois, comme ici, frôle le ridicule. Malheureusement, la politique chinoise entraîne avec elle des scientifiques de renom qui auront du mal à publier des travaux par la suite.

Source: Science News