Dossier médical personnalisé : l’accès est ouvert en ligne. Le gouvernement a lancé officiellement Mon Espace Santé, un nouveau service public numérique qui intègre le dossier médical informatisé que le gouvernement n’a pas mis en place depuis 15 ans et qui sera désormais disponible pour tous.
Le DMP, comprenez le dossier médical personnalisé. Le sens des acronymes a tellement changé..
Un dossier dans mon espace santé
Faire place à « Mon espace santé » était censé briser le destin, même si son lancement beaucoup plus fantaisiste a été retardé d’un mois. Un simple retard dû à la cinquième vague de Covid-19. Le ministre de la Santé Olivier Véran a dû déclencher une « nouvelle révolution » dans le système de santé, comparable au déploiement de la carte Vitale il y a 25 ans. L’idée est de centraliser sur un seul endroit toutes les données de santé.
Le service public, opérationnel depuis le 1er janvier et disponible sous la forme d’un site internet – en attendant une application pour smartphone -, doit permettre « à tous les Français de stocker et d’accéder à leurs données de santé en toute confiance et sécurité ». Ordonnances, bulletins d’hospitalisation, résultats d’analyses… Tous les documents médicaux doivent être retrouvés à l’initiative du soignant ou de l’assuré lui-même, qui peut également renseigner sur ses vaccins, allergies et traitements en cours. Chacun disposera également d’une messagerie sécurisée pour échanger des informations avec ses professionnels de santé, ainsi que gérer un agenda de ses rendez-vous médicaux. Les services essentiels seront complétés par un « catalogue » d’applications référencées par les pouvoirs publics, par exemple pour le suivi des maladies chroniques, la téléconsultation ou la prévention. La « révolution » sera rapide : D’ici l’été, quelque 68 millions de Français – dont des enfants – se verront automatiquement attribuer un « espace santé » à moins qu’ils ne fassent des démarches pour s’en priver.
« Action volontaire »
Pour ce faire, vous devrez utiliser un « code temporaire » reçu par e-mail ou par courrier, qui n’est valable que six semaines. Passé ce délai, vous pouvez toujours fermer votre « espace santé », mais vos données seront conservées par votre mutuelle pendant dix ans. Cette logique dite « d’opt-out » contraste fortement avec les précédentes versions du DMP, basées sur l’adhésion volontaire, où la limite est correcte : Le compteur s’arrête à 10 millions mi-2021, bien en deçà de l’objectif de 40 millions… D’ici 2023, présenté par les cadres au début de leur quinquennat. Après quinze ans d’échec et de rappels répétés, « il faut des actions positives« , a déclaré à l’AFP Gérard Raymond, président d’Assos Santé, partisan de cette « forme d’émancipation civique« . Cependant, sa fédération d’associations de patients insiste sur « l’accompagnement de proximité des usagers« , notamment ceux qui peuvent « se retrouver en difficulté avec les outils numériques » : Personnes âgées, démunies, rurales, handicapées, immigrées… Les efforts de communication des autorités seront décisifs. En témoigne la phase pilote menée dans trois départements (Haute-Garonne, Loire-Atlantique, Oise) au milieu de l’été dernier : parmi les 3,3 millions d’assurés, le taux de refus est inférieur à 0,7 %.
Un passage en force
Un score soviétique justifie « le passage forcé » et « le déni du droit du patient à un consentement libre et éclairé« , offensés par les très rares syndicats de médecine générale (SMG) de l’industrie. Malgré la généralisation du plan, Mon espace santé n’est pas à l’abri d’un nouveau fiasco si les dossiers créés sont encore des coquilles vides d’abandon. Le Dr Jean-Louis Bensoussan était installé près de Toulouse et avait « peu utilisé » lors des expérimentations. Par ailleurs, « aucun patient ne m’a été proposé« , a ajouté le secrétaire général de MG France (1er groupement des médecins généralistes libéraux), qui dit avoir reçu « très peu d’informations » sur l’outil et qu’il « n’a pas forcément besoin ça« .