Pap Ndiaye, ministre de l'Éducation, Paris, 2022 / ©Alamy Images
Tenter de réparer une erreur monumentale
Il s’agissait d’une des mesures les plus incompréhensibles, et les plus controversées, de Blanquer. En effet, depuis la rentrée 2020 et la réforme, très destructrice, du lycée, les maths n’étaient plus obligatoires. Les élèves qui souhaitaient pratiquer cette discipline devaient choisir un enseignement de spécialité spécifique. Cette décision avait secoué tout un pan de la société: de la communauté éducative aux chercheurs, en passant par les grands patrons et les politiques qui s’étaient inquiétés de la baisse du vivier scientifique comme du renforcement des inégalités sociales et de genre provoqués par la disparition des mathématiques dans le tronc commun.
Paradoxalement, alors que c’était son ministre, le retour des maths était une promesse du candidat Macron. Ayant perçu toute la bêtise et le non-sens d’une telle réforme, il a voulu faire marche arrière. Les mathématiques avaient donc été replacées dans le tronc commun en première à la rentrée 2022, sous la forme d’un module dans l’enseignement scientifique d’une heure et demie optionnelle. C’est Pap Ndiaye qui a plaidé pour le retour des maths obligatoires. Cette mesure s’inscrit dans une stratégie visant à faire de 2023 «l’année de promotion des mathématiques» avec à la clef deux objectifs «réconcilier tous les élèves» avec cette discipline et «promouvoir l’égalité filles-garçons» selon le ministre.
Un savoir-faire mais un manque de candidats
C’est tout le paradoxe et de la réforme Blanquer et de l’absence de volonté de promouvoir cette matière d’excellence, la France compte quelques 13 lauréats de la médaille Fields souvent présentée comme l’équivalent du «Nobel pour les maths», ce qui est exceptionnel en soi. Toutefois, dans un communiqué, le ministère de l’Éducation rappelle qu’un quart des élèves n’a pas le niveau attendu en mathématiques à l’issue de la classe de troisième. De plus, au faible niveau des élèves vient s’ajouter le manque cruel de professeur pour enseigner cette matière qui demande de nombreuses qualités aussi bien académiques que pédagogiques.
