
Groupe scolaire Averroès, Lille ©Alamy
Le tribunal administratif de Lille a annulé la rupture du contrat d’association entre l’État et le lycée Averroès, jugée insuffisamment motivée. Cet établissement privé, principal lycée musulman sous contrat en France jusqu’en 2024, voyait pourtant son contrat rompu en décembre 2023 par la préfecture du Nord pour «manquements graves aux principes fondamentaux de la République». La ministre a réagi à cette annulation en affirmant qu’elle «se réservait» la possibilité de faire appel du jugement.
Décision très critiquée du tribunal administratif
Le 23 avril 2025, le tribunal administratif de Lille a rendu sa décision. Il a estimé que la résiliation du contrat d’Averroès n’établissait pas «l’existence de manquements graves au droit» et que la procédure était «entachée d’irrégularités». La justice a noté qu’un refus d’accès aux inspecteurs de l’Éducation nationale s’était produit, ce qui constitue effectivement un «manquement». Mais, elle a précisé qu’il s’agissait du premier incident de ce type depuis 2008 et qu’il n’avait pas été réitéré. En conséquence, ce manquement isolé n’était pas jugé suffisamment grave pour justifier la rupture du contrat.
Réaction d’Élisabeth Borne
Sur TF1, Élisabeth Borne a défendu sa décision de faire appel. Elle a évoqué «plusieurs manquements graves» ayant conduit à la résiliation. Ainsi, elle a soulevé notamment l’épisode «inacceptable» où le lycée avait interdit l’accès à des inspecteurs pour réaliser un contrôle. Rappelant que l’établissement est financé à 75% par de l’argent public, elle a estimé qu’empêcher l’État de faire ses contrôles légitime représente «une perte de confiance et donc de résilier ce contrat».
Par ailleurs, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et le président LR Xavier Bertrand ont également exprimé leur volonté de maintenir la pression. Ils soulignent que le lycée Averroès était devenu un «bastion de l’entrisme islamiste» et bloquent pour l’instant tout financement public.
Le cas du financement du lycée Averroès
Si la France insoumise a salué le jugement du tribunal en dénonçant sur fond d’«affaire Bétharram» un «deux poids deux mesures» entre établissements catholiques et musulmans, des députés de droite dénoncent un «entristme islamiste» à Averroès. Ce qui justifient selon eux une fermeté de l’État. Dans sa décision de résiliation, la préfecture du Nord avait d’ailleurs invoqué des financements suspects, un manque de pluralisme culturel et l’existence d’un enseignement d’«éthique musulmane» jugé salafiste.