Mort de Nahel: le parquet réclame un procès pour «meurtre» à l’égard du policier auteur du tir

Le parquet de Nanterre a rendu son réquisitoire définitif dans l’affaire Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle routier le 27 juin 2023. Florian M., auteur du tir mortel, est renvoyé devant la cour d’assises pour «meurtre», tandis que son collègue Julien L., initialement suspecté de complicité, bénéficie d’un non-lieu. Pour rappel, le matin du drame, une course-poursuite de 2min40 s’engage entre les policiers et Nahel, conducteur sans permis. L’adolescent de 17 ans adopte une conduite dangereuse avant de se retrouver bloqué dans la circulation. Les policiers se positionnent alors autour de son véhicule, armes braquées. Florian M. tire, touchant mortellement Nahel au thorax. La mort de Nahel avait plongé la France dans plusieurs jours d’émeutes sur tout le territoire.

Pour le parquet de Nanterre, le policier est un tueur, le délinquant une victime

Pour justifier le renvoi de Florian M. devant une cour d’assises, le parquet de Nanterre dit avoir démontré l’intention de tuer du policier. Ce dernier, Florian M., connaissait la dangerosité de son arme et a estimé qu’il était «possible de tirer sur le capot ou sur les pneus du véhicule» pour éviter de blesser Nahel. Les expertises ont révélé que Nahel avait redémarré sa voiture sans représenter un danger immédiat pour les policiers, écartant ainsi la légitime défense. Julien L. était suspecté d’avoir incité son collègue à tirer, mais les témoignages et analyses sonores n’ont pas permis de confirmer ces accusations. Le parquet a donc estimé qu’il n’y avait pas d’éléments matérialisant une complicité, conduisant à un non-lieu pour l’autre policier.

Les syndicats de police «atterrés» par une telle décision

La mère de Nahel, Mounia Merzouk, s’est dite soulagée par les réquisitions pour meurtre. Son avocat, Me Frank Berton, a souligné que le geste était volontaire et l’intention de tuer évidente. Les parties civiles et la défense ont un mois pour formuler des observations avant que les juges d’instruction ne confirment ou infirment ce réquisitoire. Mais pour les syndicats de police, c’en est trop. Si des rassemblements auront lieu devant «tous les services de police» mercredi à l’appel d’Alliance police nationale, les membres de forces de l’ordre estiment qu’il s’agit d’une «décision lourde de conséquences». Le syndicat rappelle que «l’usage des armes par les forces de l’ordre est strictement encadré par la loi». Malgré les vidéos et les différentes expertises, le parquet de Nanterre a déclaré qu’«ouvrir le feu constituait nécessairement et à tout le moins une prise de risque inconsidérée».