
Manifestation des Gilets Jaunes à Paris, 2020 ©Capture d'écran HuffPost
Le 11 mars dernier, les députés ont voté à l’unanimité pour la mise en ligne des 19.000 cahiers de doléances issus du Grand Débat national, un événement né de la crise des Gilets jaunes qui a secoué la France il y a six ans. Ces cahiers, contenant plus de 225.000 contributions, avaient été ouverts pour permettre aux citoyens de faire part de leurs revendications. L’initiative de relancer leur analyse a été saluée par les parlementaires comme un pas en avant pour la démocratie et le débat public. Pourtant, cet acte pourrait bien s’avérer davantage une manœuvre symbolique qu’une véritable avancée politique.
Un vote pour la postérité
Ces cahiers étaient déjà accessibles dans les archives départementales, mais leur consultation avait été marginale, réservée à quelques chercheurs et journalistes. En réalité, l’adoption de cette résolution ne fait que raviver un débat qui n’a guère évolué depuis le Grand Débat. Pourquoi cette mise en ligne, alors que ces doléances restent inchangées depuis 2019 ? Il est ainsi légitime de se demander pour quelle raison il a fallu attendre six ans pour agir ainsi. L’initiative, portée par la députée écologiste Marie Pochon, n’a aucune portée contraignante et s’inscrit dans une politique du symbole plutôt que dans une véritable volonté de réformer. À l’époque du Grand Débat, voulu par Emmanuel Macron, au lieu de traiter concrètement les demandes des citoyens, le gouvernement avait privilégié l’organisation de consultations interminables, sans que des mesures concrètes ne suivent. La mise en ligne de ces cahiers, aujourd’hui, ne coûte rien et n’engagera personne.
Un exécutif qui n’a jamais été capable de répondre aux attentes de cette crise
Si ces contributions regorgent d’idées novatrices, pourquoi aucun groupe parlementaire n’a-t-il pris la peine de les analyser et d’en faire une base pour des réformes ou des propositions de loi ? Il faut donc bien noter que cette démarche se limite à un geste émotionnel, où le souvenir des Gilets jaunes et de leurs revendications sert à masquer l’inaction persistante. En ressortant ces archives, le message envoyé n’est pas celui d’une démocratie en mouvement, mais celui d’une nation en proie à l’immobilisme. Un retour à ces doléances ne ferait que souligner, une fois de plus, l’absence de réponses satisfaisantes depuis le début de cette crise. Il n’y aura ni base de travail et encore moins l’émergence d’un programme politique voire, simplement, des propositions de loi.