Les collectivités dépassées par les surcoûts liés à l’énergie
Pour l’instant, les prévisions de la Fédération Nationale des Collectivités Concédantes et Régies (FNCCR), le surcoût de l’énergie supporté par les territoires pèsera 11 milliards d’euros de plus en 2023. Il s’agit donc d’un doublement des charges énergétiques. Jean-Luc Dupont, son président et maire de Chinon, lance l’alerte: «À ce compte-là, c’est plus d’un tiers des collectivités locales qui seront en déficit l’an prochain». Une mauvaise nouvelle pour l’investissement public dont les collectivités représentent 75%. Voyant arriver l’effondrement de leur budget, les élus locaux ont saisi le gouvernement dès le 28 janvier dernier. Ils réclament des mesures exceptionnelles de soutien, comme un retour aux tarifs réglementés de vente de l’électricité, la mise en place d’un bouclier tarifaire ou la capacité à contractualiser sur des périodes plus longues, de 10-15 ans, ce qui est aujourd’hui interdit par le code des marchés publics. L’appel est, pour l’heure, resté sans réponse de la part de l’exécutif.
«Quand on parle des collectivités locales, les gens ne savent pas que ce qui est en jeu: c’est la piscine, la cantine, la crèche, l’eau potable… tous les services publics de proximité! » explique la sénatrice centriste Françoise Gatel, qui a alerté le gouvernement sur cette question de l’explosion des coûts de l’énergie pour les collectivités locales. Elle ajoute: «cet épisode est le premier d’une probable longue série». L’exemple le plus cité dans les médias est la fermeture sans préavis d’une trentaine de piscines par le délégataire de service public Vert Marine le week-end dernier qui a fait couler beaucoup d’encre. Pris à la gorge par la multiplication par six de ses coûts énergétiques, passés de 15 à 100 millions d’euros d’après l’entreprise, Vert Marine n’avait, dit-elle, pas d’autre choix.
Comment faire face à de tels coûts pour les élus ?
«On va mettre nos services publics en mode dégradé» précise Jean-Luc Dupont. Par exemple, baisser de deux degrés la température des piscines peut limiter la hausse de 76% que leurs charges de gaz subissent. Tout comme automatiser les départs d’éclairage public, en réduire l’amplitude à 22 heures au lieu de 23 heures, réduit la consommation de 10 à 15%. Les exploitants de patinoires envisagent quant à eux d’affiner d’un ou deux centimètres l’épaisseur de la glace. Et la mairie de Strasbourg va éteindre le chauffage de son hôtel de ville sauf la salle des mariages. Elle en espère deux à trois millions d’économies. « Mais baisser le chauffage dans les Ehpad ou les écoles n’est pas envisageable » reprend Jean-Luc Dupont. « Tout ça, c’est du bricolage… » regrette la sénatrice Françoise Gatel.
Comme on pourrait s’en douter, les collectivités ne vont pas avoir d’autres choix que d’augmenter les taxes et leurs tarifs si l’État ne répond pas à leurs demandes. Comme l’explique le maire de Chinon: «Nos charges pour le traitement de l’eau et d’assainissement doublent. Or, ces budgets annexes doivent être à l’équilibre. Nous allons donc devoir répercuter les hausses aux consommateurs citoyens». Sachant que les bases fiscales, qui sont indexées sur l’inflation, vont également faire exploser les montants de taxes locales réclamés aux habitants en octobre-novembre (taxe foncière, de ce qu’il reste de taxe d’habitation, taxe d’enlèvement des ordures ménagère, etc.). Une perspective qui inquiète beaucoup les élus locaux.
La « fragilité » des services publics?? Ho, que c’est gentiment dit pour parler de leur insouciance, de leur j’menfoutisme! De toute façon même si c’est fermé et qu’ils elles ne travaillent pas, on les paye, alors!