La catastrophe avait marqué les esprits. Le 1er juin 2009, le vol Rio-Paris s’abîmait dans l’Atlantique, 228 personnes y perdaient la vie . Plus de 13 ans après le crash, le procès d’Airbus et d’Air France pour homicides involontaires s’est ouvert lundi 10 octobre à Paris. L’audience s’est ouverte à 13h30 au sein du tribunal correctionnel de Paris, dans une salle quasiment pleine, où les débats doivent se dérouler jusqu’au 8 décembre.
Côté prévenus étaient présents le président exécutif d’Airbus Guillaume Faury et la directrice générale d’Air France Anne Rigail, assis à côté de leurs avocats. Sur les bancs blancs s’étaient assis une cinquantaine de proches de victimes, non loin de leurs conseils.
Les proches des victimes ont attendu 13 ans avant d’être au tribunal
Le Bureau enquête-accident (BEA) aura montré dans ses investigations que les pilotes, désorientés par le givrage des sondes de vitesse Pitot dans la zone météorologique instable du Pot au noir, n’ont pu rattraper le décrochage de l’appareil, qui a eu lieu en moins de cinq minutes. Après une succession d’expertises hautement techniques, les juges d’instruction avaient prononcé un non-lieu en 2019 qui avait surpris l’ensemble des familles des victimes.
Par conséquent, décidés à obtenir la vérité, ces dernières ainsi que le parquet et les syndicats de pilotes ont fait appel et, en 2021, la chambre de l’instruction a tranché en sens inverse, ordonnant un procès pour les deux entreprises. Danièle Lamy, présidente de l’association de proches de victimes Entraide et Solidarité AF447, a déclaré à l’AFP qu’à l’issue d’un «combat judiciaire» et d’une instruction «chaotique», «nous attendons que ce procès soit bien le procès d’Airbus et d’Air France» et non «celui des pilotes».
Elle ajoutera que «nous attendons un procès impartial, exemplaire, pour que cela ne se reproduise plus et que, par ce procès, les deux prévenus mettent la sécurité aérienne au centre de leurs préoccupations plutôt que seulement la rentabilité», a-t-elle ajouté. Pour le syndicat des pilotes du groupe Air France (Spaf), il est «indispensable qu’un tribunal puisse entendre toutes les parties et se prononcer sur les différentes responsabilités au cours d’un procès public où l’importance de la sécurité des vols sera mise en relief dans l’intérêt de tous».
Le crash le plus meurtrier qu’Air France ait connu
Le vol AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris s’est écrasé en pleine nuit, quelques heures après son décollage, entraînant la mort de ses 216 passagers et 12 membres d’équipage. Il s’agit de la catastrophe la plus meurtrière de l’histoire d’Air France. Après avoir lu les infractions reprochées aux deux représentants des entreprises à la barre, les trois juges du tribunal ont lu un à un les noms des 228 victimes du crash, dans un épais silence.
Si les premiers débris de l’A330 et des corps ont été rapidement retrouvés, l’épave et les boîtes noires n’ont été repêchées que deux ans plus tard à 3.900 mètres de profondeur après cinq phases de recherches sous-marines. Les proches des victimes sont, certes, terriblement déçues d’une telle lenteur de la justice mais attendent désormais les réponses auxquelles elles ont droit.