Pour une partie du peuple iranien, il s’agit d’une première victoire qui est lourde de sens. L’agende de presse Isna a indiqué que le procureur général, Mohammad Jafar Montazeri, a annoncé que la police des mœurs a été abolie par les autorités compétentes. Il s’agit pour les officiels de faire un geste envers les manifestants. Elle est intervenue après la décision du samedi 3 décembre des autorités de réviser une loi de 1983 sur le port du voile obligatoire en Iran, imposé quatre ans après la révolution islamique de 1979. Le procureur a aussi affirmé samedi soir dans la ville sainte de Qom lors d’une conférence religieuse que «la police des mœurs n’a rien à voir avec le pouvoir judiciaire, et elle a été abolie par ceux qui l’ont créée».
La police de la terreur
C’est le le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013) qui avait créé cette police afin de «répandre la culture de la décence et du hijab». Elle était formée d’hommes en uniforme vert et de femmes portant le tchador noir qui couvre la tête et le haut du corps. Cette unité avait commencé ses patrouilles en 2006 avec l’objectif de faire respecter le code vestimentaire strict en République islamique et pouvant user de moyens ultra-violents pour réaliser sa mission.
Mohammad Jafar Montazeri a déclaré, samedi 3 décembre que «le Parlement et le pouvoir judiciaire travaillaient» sur la question du port du voile obligatoire, sans préciser ce qui pourrait être modifié dans la loi. Il s’agit d’un des sujets les plus sensibles dans la société iranienne où deux camps s’affrontent. D’un côté, les conservateurs qui se bornent à exiger le strict respect de la loi de 1983 et, de l’autre, celui des progressistes qui veulent laisser aux femmes le droit de choisir de le porter ou non. Malgré la fin de la police des mœurs, il est certain que les manifestations vont se poursuivre car il s’agit bien d’une nouvelle révolution pour changer de régime et la rue de ne contentera pas de demi-mesures.