Des violences sexuelles commises sur des mineurs pas des prêtres
Avant d’être élu pape, Karol Wojtyla était cardinal et archevêque de Cracovie, dans le sud de la Pologne, de 1964 à 1978. Selon l’auteur de l’enquête, Michal Gutowski, il était bien était au courant de cas de violences sexuelles commises par des prêtres de son diocèse sur des mineurs. Ainsi, pour éviter tout scandale, il les transférait d’une paroisse à l’autre pour étouffer ces affaires. Le journaliste prend l’exemple, entre autres, d’un des prêtres incriminés qui a été envoyé par le futur pape en Autriche. Le cardinal Wojtyla avait écrit une lettre de recommandation au cardinal de Vienne de l’époque, Franz König, sans l’informer des accusations pesant contre le prêtre.
Michal Gutowski fournit ainsi, dans son enquête, un nombre impressionnant de documents tenus secrets jusqu’à présent. Il a rencontré des victimes de prêtres pédophiles, leurs proches mais aussi d’anciens employés du diocèse. Il cite notamment des documents de l’ancienne police secrète communiste SB tout comme de rares documents de l’Église auxquels il a pu accéder. Néanmoins, le diocèse de Cracovie lui a refusé l’accès à ses archives.
Le fait nouveau: avoir des preuves
Le journaliste a recueilli un témoignage d’un proche de clui qui deviendra Jean-Paul II qui dira: «Wojtyla voulait d’abord s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’un bluff. Il a demandé de ne le rapporter nulle part, il a dit qu’il s’en occuperait». Puis, cet homme a ajouté que le cardinal lui avait explicitement demandé si l’affaire pouvait rester «étouffée». Thomas Doyle, ancien prêtre catholique américain, auteur d’un des premiers rapports sur les abus du clergé catholique aux États-Unis dira à Gutowski que «ce que vous avez découvert est révolutionnaire car cela montre ce que beaucoup de gens soupçonnaient depuis des années, que Jean-Paul II savait que ce problème existait avant même qu’il ne devienne pape». Et de conclure: «Il devait savoir mais il n’y avait pas de preuves. Et là, on a une preuve».