Une revenante de Syrie, soupçonnée d’esclavagisme, a été mise en examen pour crime contre l’humanité

Cependant, son profil avait suscité la controverse lors de son retour en France car elle était l’épouse d’un chef des opérations extérieures du groupe islamiste. Samedi 27 avril, nous avons appris, d’une source proche du dossier relayée par BFMTV, qu’elle a été mise en examen le 14 mars pour crime contre l’humanité et génocide.

Soupçonnée d’avoir réduit en esclavage une adolescente yézidie

Les Yézidies sont la communauté religieuse la plus persécutée par l’ État islamique. Sonia M. est soupçonnée d’avoir réduite en esclavage une adolescente yézidie en Syrie. Le mari de cette «revenante» n’est autre que Abdelnasser Benyoucef, alias Abou Moutana. Ce chef terroriste aurait revendiqué être l’un des commanditaires de l’attentat de l’Hyper Cacher le 9 janvier 2015. Selon une source judiciaire, le juge d’instruction, qui l’avait d’abord mise en cause comme complice en septembre 2022, l’a finalement mise en examen comme auteure des faits, conformément aux réquisitions du Parquet national antiterroriste.

Toutefois, Sonia M. se défendra d’être une esclavagiste. Elle affirme ainsi que son mari ne lui avait pas «demandé son avis». Et d’ajouter: «Il m’a dit que cela allait être, je n’aime pas ce mot, son esclave, que c’était un droit qu’on lui avait octroyé et que je n’avais pas le droit de le contredire, que c’était un ordre divin». Elle a indiqué au juge qu’elle n’aimait pas donner des ordres et qu’elle faisait elle-même le ménage quand son mari n’était pas là.

Une maltraitance au quotidien

D’après les informations de nos confrères du Parisien, le jeune yézidie de 16 ans affirme avoir été séquestrée, pendant plus d’un mois au printemps 2015. Elle expliquera qu’elle ne pouvait pas boire, ni manger ou se doucher sans l’autorisation de Sonia M. Elle accuse l’épouse d’Abdelnasser Benyoucef de l’avoir violentée à deux reprises et d’avoir été au courant que son mari la violait. Sonia M. ne reconnaîtra «qu’un seul viol» commis par son époux. La jeune fille affirme avoir été kidnappée en août 2014 en Irak où elle a été vendue à plusieurs familles jihadistes. Selon Me Romain Ruiz, avocat de l’adolescente, «ce premier procès d’une revenante pour crime contre l’humanité mettra à l’épreuve la capacité de la France à juger des crimes de guerre commis en Syrie».