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La Commission européenne a présenté mardi 11 mars, à Strasbourg, sa proposition de règlement visant à accélérer les expulsions des migrants en situation irrégulière. Ce projet, qui modifie la directive de 2008 jugée «défaillant», a pour objectif de mettre fin à l’inefficacité des renvois en instaurant un cadre européen plus coordonné et un contrôle renforcé des pays membres.
Une situation migratoire devenue insoutenable pour l’ensemble des pays membres
En effet, selon l’exécutif européen, quatre expulsions sur cinq échouent en raison de la dispersion des pratiques au sein des Vingt-Sept. L’initiative, pressée par un débat public et des États membres inquiets de l’ampleur de la crise migratoire, cherche à répondre aux critiques en renforçant la coopération et en prévoyant des sanctions en cas de refus de retour. Un élément central du projet concerne la création de «centres de rétention» situés hors des frontières de l’UE. Ces centres, appelés aussi «hubs de retour», seront à la discrétion des États, sous réserve de conditions strictes, excluant les mineurs non accompagnés et les familles avec enfants. Cependant, pour la députée macroniste Valérie Hayer, «ça n’est pas la bonne manière de traiter la question. C’est une solution populiste qui ne respecte pas nos valeurs et qui, par ailleurs, n’a pas fonctionné lorsqu’elle a été mise en place».
La gauche européenne vent debout contre ce dispositif
La proposition a fait réagir de nombreux acteurs politiques. L’initiative est particulièrement contestée à gauche, qui y voit une mesure populiste, tandis que les partisans de la droite saluent l’urgence de cette réforme. Le commissaire autrichien Magnus Brunner et la vice-présidente Henna Virkkunen insistent sur la nécessité de cette proposition pour maintenir l’ordre et répondre aux attentes des citoyens européens. En revanche, certains pays, comme l’Espagne, dont le gouvernement socialiste de Sanchez est sous le feu des critiques à cause de ce sujet justement, dénoncent les risques pour les droits humains. A contrario, d’autres États comme la Pologne, les Pays-Bas ou les pays scandinaves soutiennent fermement la création de ces centres. En France, malgré une position relativement réservée, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau souligne l’importance de maîtriser l’immigration pour éviter un appel d’air. Bien que le nombre des expulsions ait progressé récemment, la mise en œuvre reste insuffisante face à un stock estimé de 700.000 à 900.000 clandestins.