
Groupe scolaire Averroès, Lille ©Alamy
Le tribunal administratif de Lille a tranché. Mercredi 23 avril, la juridiction a annulé la décision préfectorale de mettre fin au contrat d’association du lycée musulman Averroès, autorisant ainsi le rétablissement de ses financements publics. Fondé en 2003 et souvent présenté comme un «modèle» d’excellence académique, l’établissement avait été privé de ses subventions en raison de soupçons graves portant sur des dérives idéologiques et des soutiens étrangers controversés. Ce revirement judiciaire intervient dans un climat de tensions persistantes autour du contrôle des écoles confessionnelles en France.
Une décision judiciaire qui contredit la préfecture
À la rentrée 2024, le lycée n’avait pas pu percevoir les 1,6 million d’euros de financements annuels qu’il recevait de l’État. Comme le rappelle Le JDD, la préfecture du Nord justifiait cette rupture par des «manquements graves aux principes fondamentaux de la République». Elle soulevait notamment un cours d’éthique musulmane suspecté de promouvoir la ségrégation des sexes ou des propos favorables à la peine de mort en cas d’apostasie.
Ces accusations s’appuyaient sur des extraits de bibliographie et des rapports administratifs jugés préoccupants. Mais dans sa décision, le tribunal administratif a estimé que «la condition tenant à l’existence de manquements graves au droit n’était pas remplie», et que «la procédure suivie était entachée d’irrégularités». Le rapporteur public a lui aussi souligné l’absence d’éléments probants démontrant l’enseignement de contenus contraires aux valeurs de la République, rapporte Le Figaro.
Des financements critiqués, un soutien politique divisé
Le rétablissement du contrat implique que les enseignants seront à nouveau rémunérés par l’État, au grand dam de plusieurs élus locaux. Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France, s’était fermement opposé à cet établissement, l’accusant dès 2020 d’avoir perçu des fonds d’une fondation qatarienne en 2014. Il dénonce aujourd’hui une décision «déconnectée de la réalité du terrain» et appelle à un renforcement du contrôle des établissements privés sous contrat.
Georges-François Leclerc, actuel préfet des Bouches-du-Rhône et ancien préfet du Nord, a confirmé devant une commission d’enquête parlementaire avoir reçu des informations jugées «suffisamment tangibles» pour estimer que certains enseignements relevaient du «salafo-frérisme». Il mentionne également des financements venus de structures «proches de la mouvance frériste», sur la base de rapports de l’Éducation nationale datant de 2021 et 2023.