Corse : De nouveaux affrontements à Bastia, Ajaccio et Corte ont eu lieu en fin de journée hier. Une trentaine de personnes ont jeté des cocktails Molotov sur la police jeudi soir. Aucun blessé n’a été recensé.
Un nouvel incident s’est produit à Ajaccio (Corse) du jeudi au vendredi 11 mars, huit jours après l’agression d’Yvan Colonna à la prison d’Arles. Une trentaine de personnes ont mis le feu à trois voitures et plus d’une dizaine de poubelles, selon les pompiers. Le calme n’est revenu que vers 2 heures du matin.
Aucun blessé signalé
Jeudi en fin de journée, il y avait eu des tensions entre la police et les manifestants dans d’autres villes de la Corse. A Bastia, les affrontements ont commencé vers 17 heures et se sont terminés à 20h30, a indiqué jeudi soir la Haute-Corse dans un communiqué. Les policiers ont été agressés par une trentaine de personnes qui leur ont lancé des cocktails Molotov. Il n’y a pas eu de blessé.
A Corte, lors d’un rassemblement pacifique qui a débuté dans la soirée, le département a expliqué qu’une quinzaine d’éléments violents ont attaqué le département avec des cocktails Molotov et des cailloux. Les forces de sécurité ont entrepris de disperser les hommes. Encore une fois, il n’y a pas eu de blessé. « Le Premier ministre a remercié les policiers pour leur intervention efficace, leur sang-froid et le courage dont ils ont fait preuve depuis une semaine« , ajoute le communiqué. Il a réitéré son appel au calme, au dialogue et à l’apaisement.
« Je pense que ça ne sert pas la cause »
« Je soutiens la cause, explique un des élèves de Corte. Mais je ne supporte pas du tout les excès. Je trouve que ça ne sert pas la cause. On dirait que seuls les casseurs veulent défendre Yvan Colonna, mais non : c’est une grosse partie des Corses qui le défendent ! » Dans la journée, des élus ont fait le tour du lycée pour apaiser l’ambiance. Des parents de militants ont également tenté de raisonner les jeunes pour empêcher l’escalade de la violence, mais rien n’a été vraiment convaincant. « On pense, nous les jeunes, que c’est comme cela qu’il faut montrer les choses pour que ça bouge, indique Antoine, rencontré près de la préfecture. Et on espère que le statut de détenu particulièrement surveillé sera enlevé aux autres prisonniers qui sont loin malheureusement, pour que leurs familles puissent les voir sur notre île, chez eux. »
L’un des sujets d’une conversation téléphonique entre Jean Castex et le patron de l’exécutif de Corse Gilles Simeoni jeudi après-midi était le rapprochement de trois autres détenus condamnés pour l’assassinat du gouverneur d’Erignac.
Réaction du premier ministre
Ce matin, Jean Castex a annoncé, suite aux affrontements, lever le statut de « détenu particulièrement signalé » d’Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, membres du commando Erignac. Cette décision, qui s’applique « sans délai« , a été prise « dans un esprit d’apaisement » après l’agression d’Yvan Colonna qui a suscité une série de manifestations en Corse, a annoncé Matignon à l’AFP. Mais malgré cette annonce, les violences ne se sont pas calmées sur l’île. Le Premier ministre a « fermement » condamné ces violences, « de même que les propos totalement déplacés accusant l’Etat d’avoir prêté intentionnellement la main à l’agression très grave dont Yvan Colonna a été victime au sein de la maison centrale d’Arles le 2 mars dernier ».
« Les conditions dans lesquelles cet acte inacceptable a pu intervenir dans un établissement pénitentiaire doivent être élucidées de manière rapide et transparente », a encore expliqué le Premier ministre, en rappelant qu’une enquête de l’Inspection générale de la justice était actuellement en cours. Il « a proposé qu’une fois le calme revenu sur l’île, le dialogue engagé ces derniers mois sur l’évolution du statut de la collectivité de Corse, ainsi que sur les grands dossiers économiques et sociaux du territoire puissent reprendre ».