Madagascar – Les gendarmes tirent sur la foule : au moins 11 morts 

Voulant faire justice eux-même, une foule s’est rendue devant la gendarmerie qui détenait les quatre suspects présumés du rapt d’un enfant albinos et du meurtre de sa mère.

La vindicte populaire à l’encontre des criminels dégénère

À Ikongo dans le Sud Est de l’île, la situation a dérapé quand une foule armée s’est rendue lundi matin devant la brigade locale détenant les présumés criminels de l’assassinat d’une mère et du rapt de son enfant. Les forces de l’ordre évoquent un regroupement d’environ 500 personnes. Après l’usage de gaz lacrymogènes et sommations faites, les gendarmes invoquent la légitime défense et disent n’avoir eu d’autre choix que de tirer sur la foule pour empêcher l’intrusion des lieux. 

Jean-Brunelle Razafintsiandraofa, député local contredit cette version et entend demander l’ouverture d’une enquête parlementaire.

Selon les sources policières le bilan était de 11 morts et 34 blessés. D’après le médecin Tango Oscar Toky de l’hôpital d’Ikongo, 9 sont décédés à l’hôpital et certains sont encore entre la vie et la mort, dans l’attente d’être hélitreuillées vers un autre centre hospitalier.

Pour l’heure l’un des quatre présumés criminels serait aux mains de la famille voulant venger la mère et l’enfant albinos et l’on reste sans information concernant les trois autres.

Les albinos sujets à superstitions et stigmatisations 

Selon certaines croyances, les albinos seraient dotés de pouvoirs et leurs boyaux seraient utilisés dans le cadre rituels qui amènent la chance. C’est le mobile qui expliquerait le kidnapping de l’enfant . 

Loin d’être un cas isolé, plus d’une dizaine d’enlèvements d’enfants albinos ont eu lieu ces deux dernières années dans le Sud de Madagascar. Depuis 2015, l’ONU a déclaré que le 13 juin serait une journée internationale de sensibilisation à l’albinisme, notamment pour lutter contre les superstitions et stigmatisations liées à cette maladie rare.