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Une nouvelle confrontation judiciaire s’annonce entre le gouvernement et des élus de l’opposition suite à des déclarations controversées concernant les forces de l’ordre. Au cœur du débat : la mémoire de deux adolescents dont la mort tragique avait embrasé les banlieues françaises il y a près de deux décennies.
Une commémoration qui tourne au conflit politique
Le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez a décidé de porter plainte pour diffamation contre quatre députés : Manon Aubry, Paul Vannier, Aurélien Taché et Ersilia Soudais. Cette action en justice fait suite à leurs déclarations publiées à l’occasion du 20ᵉ anniversaire de la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré.
Ces deux adolescents avaient perdu la vie le 27 octobre 2005, électrocutés dans un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois après avoir été poursuivis par des policiers. Ce drame avait alors déclenché trois semaines d’émeutes à travers la France, marquant profondément le pays.
Des propos jugés diffamatoires envers l’institution policière
Les messages publiés par les parlementaires sur les réseaux sociaux sont au cœur de cette plainte. Manon Aubry, députée européenne de La France Insoumise, avait notamment écrit sur X (anciennement Twitter) : « Il y a 20 ans, Zyed Benna et Bouna Traoré ont été tués lors d’un contrôle policier. Depuis rien n’a changé. Le racisme et la violence continuent de ronger la police et de causer des morts. Cessons de fermer les yeux et stoppons l’impunité, pour la justice et la paix ».
De son côté, le député Aurélien Taché avait publié : « Depuis la mort de Zyed et Bouna, 162 personnes ont perdu la vie lors de contrôles de police. 20 ans après, les histoires se répètent : la police tue toujours, et les victimes sont les mêmes ».
La réaction ferme du ministre de l’Intérieur
Face à ces déclarations, Laurent Nuñez a vivement réagi lors d’une intervention sur France 5 : « Je condamne totalement (…) ces propos… On laisse à penser que de manière systémique dans la police, il y a finalement cette volonté de tuer, de s’en prendre à des jeunes, plutôt issus de la diversité ».
Le ministre a particulièrement reproché aux élus insoumis d’utiliser des expressions comme « police coloniale » ou « police qui tue », qu’il considère comme diffamatoires envers l’institution policière et ses agents.
Un dossier judiciaire complexe
Cette affaire ravive le souvenir d’une procédure judiciaire qui s’était achevée par la relaxe des policiers impliqués dans le drame initial. Poursuivis pour non-assistance à personne en danger après la mort des deux adolescents, les agents avaient été relaxés une première fois en 2015, décision confirmée en appel l’année suivante.
La plainte du ministre intervient dans un contexte où les relations entre certains élus de gauche et les forces de l’ordre demeurent particulièrement tendues, notamment autour des questions de violences policières et de discrimination.
Cette procédure pour diffamation promet d’alimenter le débat sur la liberté d’expression des élus et les limites de la critique envers les institutions républicaines, tout en rouvrant les plaies d’un événement qui a profondément marqué l’histoire sociale française.
