L’éléphant a-t-il accouché d’une souris?
La Première ministre Élisabeth Borne a réuni lundi à 21 h à Matignon quatre ministres concernés par les difficultés d’approvisionnement en carburant qui affecte une partie des stations-service, pour «faire le point sur l’état des discussions» entre les entreprises et les syndicats. Cependant, pour quel résultat? Si Borne, de bonne foi, a déclaré: «Je souhaite que la situation se rétablisse le plus rapidement possible», aux médias depuis Alger, où elle effectuait un déplacement accompagnée d’une délégation de 16 ministres. Elle ne pensait peut-être pas à l’intervention de Macron dans ce débat.
Interrogée lundi sur la possibilité de réquisitions pour assurer un approvisionnement, la cheffe du gouvernement a répondu qu’elle ferait «le point ce soir sur l’état des discussions et la façon dont on peut assurer aux Françaises et aux Français qu’il y aura bien un réapprovisionnement le plus rapide possible des stations-service». Elle a ajouté que «c’est dans la négociation […] qu’on doit pouvoir trouver une solution, et non pas en bloquant le pays et les Français». Toutefois, le président de la République ne souhaite pas rentrer dans un conflit direct avec la CGT arguant qu’il s’agit d’un conflit social au sein d’une entreprise privée.
Une nouvelle réunion avec les ministres concernés
Celle-ci devrait se tenir dès le retour de Borne en France. Entre-temps, le discours du gouvernement a quelque peu changé. Olivier Véran a prévenu, mardi matin, que «nous prendrons des mesures pour ne pas laisser la France sans carburant». Il a ajouté que «nous ne laisserons pas les Français être pénalisés. Le blocage des raffineries, des centres de dépôt ne doit pas rimer avec le blocage de la vie de millions de Français», a-t-il fermement affirmé sur RTL. Le ministre des Transports Clément Beaune, que nous n’avions pas entendu depuis le début de la grève il y a presque deux semaines, annonce sur RMC que «le dialogue social a repris» et qu’un d’accord a été trouvé avec Esso. Chez Total, en revanche, la situation est «plus bloquée» et l’état des discussions «enlisé».
Toujours sur RTL, Olivier Véran énonce la possibilité de «procéder à des réquisitions», «rouvrir l’accès aux centres de dépôt et aux raffineries, et réquisitionner le personnel adéquat pour permettre à la situation de se normaliser». Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, sur France Info, avance à son tour: «Si on voit que c’est complètement bloqué, nous n’aurons pas d’autres moyens que de réquisitionner les moyens nécessaires pour libérer les dépôts et faire fonctionner les raffineries.» Combien de temps la CGT a-t-elle? «Cela se chiffre plutôt en termes d’heures, à la limite de jours plus que de semaines». Et d’insister «parce que cela n’a que trop duré. (…) Nos compatriotes ne peuvent pas être les victimes collatérales d’un conflit social entre une organisation syndicale et une entreprise privée.» Pas sûr que Macron soit de cet avis.