En effet, par exemple, il n’y aura pas d’annonce sur l’allègement de la fiscalité pour les petits propriétaires bailleurs ni d’effort demandé aux banques pour financer des projets immobiliers ou fonciers. Néanmoins, la Première ministre a conscience du manque d’ambition de son projet puisqu’elle dira elle-même qu’«il n’y a pas de mesure magique».
Un gouvernement qui ne connaît pas son sujet
On remarquera tout d’abord qu’elle ne définit pas ce que le gouvernement appelle la crise du logement. Il s’agit d’un manque de biens à la location, de la baisse de la construction de logements neufs, des chutes des cessions/acquisitions de biens immobiliers dues à l’augmentation des taux d’intérêts, etc. S’il y a des causes structurelles, il y a bien aussi des raisons fiscales à ces problèmes sans compter la lourdeur administrative en matière de construction. Tous ces sujets ne seront pas évoqués. Comme toujours, la conséquence est que pour l’exécutif les problèmes vont se résoudre par une injection massive d’argent public dans le secteur.
Élisabeth Borne a ainsi évoqué, devant les groupes de travail du Conseil national de la refondation (CNR) réunis à la Maison de l’architecture à Paris, ses mesures. Il s’agit de la prolongation mais accompagnée d’une forte restriction du prêt à taux zéro (PTZ), fin du dispositif Pinel d’investissement locatif, aides à la location et soutien à la construction via le rachat de logements aux promoteurs par Action logement et la Caisse des dépôts. Elle propose aussi de recourir «au droit de préemption par les collectivités» pour enrayer la spéculation foncière. La cheffe du gouvernement veut s’attaquer aux locations de meublés touristiques.
Les professionnels en colère
Dans un communiqué intitulé «Tout un secteur méprisé», sept organisations patronales, dont la Fédération de l’immobilier (Fnaim), la Fédération française du bâtiment (FFB) et le Pôle Habitat n’ont pas hésité à dire que ces annonces «suscitent la colère des professionnels. Deux cents personnes impliquées et sept mois de travail réduits à néant ? Il n’y a plus de politique du logement». La Fondation Abbé Pierre n’a pas caché sa déception non plus en assénant qu’«en l’état, ce plan n’est pas de nature à répondre aux immenses inquiétudes, aux défis qui sont devant nous». Des professionnels aux particuliers, de la droite à la l’extrême gauche, Borne aura au moins réussi à mettre tout le monde d’accord sur l’inutilité de ces mesures pour relancer le marché de l’habitat en France.