L’exécutif a largement sous-estimé l’ampleur des manifestations sur fond de réforme des retraites mais qui, en fait, cristallise un grand nombre de mécontentements de la majorité des Français. Le gouvernement veut désormais réquisitionner des grévistes pour faire reprendre les expéditions de carburants de la raffinerie de Normandie.
18% des stations-service sont touchées en France
Selon une information relayée par BFMTV, 18% des stations-service manquaient de l’un ou l’autre de ces carburants vendredi matin; un taux qui monte à plus de 40% en Loire-Atlantique et dans plusieurs départements de Bretagne. Lors d’une conférence de presse jeudi dernier, le PDG d’Esso France, Charles Amyot, a expliqué que «quand tout le monde cherche à remplir son réservoir à 100 %, le système n’est pas capable de répondre». Effectivement, des consignes avaient été affichées chez les distributeurs de carburants pour demander aux clients de ne remplir que 30l de leur réservoir. Toutefois, est-ce une requête bien raisonnable quand on a passé sa journée à chercher une station-service approvisionnée et, qu’en plus, on a fait la queue pendant plusieurs heures?
L’exécutif se dit prêt à réquisitionner trois salariés de la raffinerie Esso de Fos-sur-Mer pour reprendre les expéditions de carburants. De plus, pour éviter les tensions dans les stations du pays, ces réquisitions ont été renouvelées pour 48 heures. Selon Alexis Antonioli, secrétaire général CGT de la raffinerie, pour le site de TotalEnergies à Gonfreville-L’Orcher, le préfet n’a pas envoyé les forces de l’ordre chez les salariés pour remettre les courriers de réquisition mais elle a dépêché un huissier mercredi soir.
L’inquiétude grandissante des aéroports
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique, a déclaré jeudi dernier que «le gouvernement suit la situation heure par heure et département par département avec les professionnels et les préfets. Nous intervenons de manière ciblée pour débloquer les dépôts qui sont entravés par des manifestants. Dès lors que les réquisitions ne pourront être évitées, nous prendrons nos responsabilités». Alors que l’approvisionnement de l’Île-de-France et de ses aéroports par la Normandie «devient critique», l’exécutif a donc «pris un arrêté de réquisition» à l’égard des grévistes. Toutefois, il n’a pas été notifié «à ce stade» aux salariés de la raffinerie.