Une enquête judiciaire est en cours dans les Pyrénées-Atlantiques, après l’émergence de centaines de plaintes pour violences, agressions sexuelles et viols dans l’établissement catholique de Notre-Dame-de-Bétharram, près de Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées. Ce scandale, qui touche l’école depuis les années 1970, met également en lumière des accusations selon lesquelles François Bayrou, actuel Premier ministre, aurait eu connaissance de ces faits dès la fin des années 1990.
Une centaine de plaintes et des témoins qui mettent en cause Bayrou directement
Le parquet de Pau mène une investigation depuis un an, se concentrant sur une centaine de plaintes qui dénoncent des violences à caractère sexuel dans cet établissement fréquenté par des enfants de la région. François Bayrou, originaire du Béarn, a scolarisé plusieurs de ses enfants à Bétharram, et son épouse y enseignait également le catéchisme. À partir de 1996, plusieurs plaintes avaient déjà dénoncé des violences physiques de la part d’un surveillant, condamné par la suite. De plus, un ancien directeur de l’établissement avait été mis en examen en 1998 pour viol.
Toutefois, selon des témoins interrogés par Mediapart, François Bayrou aurait été informé de la gravité de la situation à l’époque, mais aurait minimisé les accusations. Le Premier ministre, alors ministre de l’Éducation nationale, avait en effet assuré à nos confrères du Parisien en mars dernier que, bien qu’une rumeur évoquait des violences physiques à l’internat, il n’avait «jamais entendu parler de risques sexuels». Cette version est aujourd’hui contestée par des témoignages directs, qui affirment que Bayrou était parfaitement informé des allégations.
Des alertes ignorées par les autorités
Françoise Gullung, professeure de mathématiques à Bétharram entre 1994 et 1996, raconte avoir alerté à plusieurs reprises les autorités, mais aussi François Bayrou, qu’elle avait rencontré en personne. Elle explique lui avoir exprimé ses préoccupations concernant «une atmosphère d’agressivité et de tensions anormales». L’enseignante dit lui avoir envoyé un courrier sur le sujet. «Il a évacué mollement ce que je lui disais», affirme-t-elle. Un autre témoin, un parent d’élève ayant porté plainte en 1996, va plus loin en expliquant que «Bayrou avait son fils dans la même classe que le mien. Il savait absolument tout et n’a rien fait». Ce témoignage renforce les accusations selon lesquelles le Premier ministre aurait volontairement ignoré ou minimisé la gravité de la situation dans l’établissement où ses enfants étaient scolarisés. Le silence de l’actuel Premier ministre face à ces alertes soulève désormais des questions sur sa responsabilité et sur la manière dont il a géré la situation en tant que responsable politique. Alors que l’enquête judiciaire se poursuit, l’ombre de ce scandale plane désormais sur le locataire de Matignon, déjà fragilisée par les révélations sur les abus commis au sein de cet établissement catholique.