Il comparaissait libre. Patrick Wittier, soupçonné d’avoir tué son père il y a 20 ans, à Argenteuil, a été acquitté, jeudi 22 septembre, par la cour d’assises du Val-d’Oise. C’est sa mère, qui, 14 ans après les faits, a confié aux policiers, qu’il avait frappé son père à la tête avec un marteau, avant de le noyer dans un seau d’eau, puis de découper son corps pour le faire disparaître. Patrick Wittier a toujours nié les faits.
Des déclarations contradictoires
Les déclarations de la mère sont les seuls éléments à charge contre l’homme. Selon le président de la cour Marc Trévidic, son récit n’est pas le même devant les policiers et à une connaissance. Dans une première version, elle affirme n’avait pas vu de sang, mais dit le contraire à cette connaissance en question. Par ailleurs, l’élément déclencheur n’est pas le même dans les deux versions, rappelle Le Parisien. D’autres contradictions sont soulignées, comme les horaires du passage des éboueurs qu’elle évoque ou encore l’absence de description des vêtements du fils.
À la barre, la mère raconte qu’après la mort du père, le fils lui aurait volé de l’argent à plusieurs reprises et se serait montré violent à son égard. Elle avait porté plainte contre lui en 2005 et pour se protéger, a intégré une maison de retraite. « Mon fils m’a dit : ‘ »Si tu dis quoi que ce soit, je te tue et je mets le feu au pavillon de Martine » (sa sœur). Il voulait tuer ma petite-fille. Je savais qu’il l’aurait fait, vu sa furie, sa méchanceté », exprime-t-elle. Elle ajoute qu’elle regrette ne pas avoir avorté de son fils.
Un « tanguy »
« Même si des déclarations de Marie-Thérèse Wittier avaient été entièrement crédibles, juger sur ces seules déclarations comportait le risque de condamnation d’un innocent », d’après la Cour. Patrick vivait dans « un climat délétère de nature à favoriser un drame ». Cependant, il n’y avait pas de violence entre père et fils. Quant au fait qu’il n’ai pas essayé de retrouver son père, la Cour estime que “cette inaction ne peut en aucun cas constituer un élément à charge”.
L’accusé était qualifié de Tanguy, il ne travaillait pas et passait ses journées tout seul sur son ordinateur, dans sa chambre, dans le noir. Pour le forcer à s’émanciper, son père avait mis des cadenas sur les placards et sur le réfrigérateur. L’agression aurait eu lieu après que le père a menacé le fils de le faire interner. Patrick Wittier est donc désormais officiellement acquitté, le meurtre de son père reste donc une affaire irrésolue.