Un incident qui risque de se reproduire
Depuis l’annexion de la Crimée en 2014 par la Russie, la mer noire est devenue une zone d’importantes tensions qui permet à Moscou d’être la puissance dominante dans cette région. C’est pourquoi les «accrochages» entre les avions occidentaux, globalement des drones américains sous drapeau de l’OTAN, et les chasseurs russes se multiplient. Comme le rappelle Dara Massicot, analyste auprès du centre de réflexion Rand, si la plupart du temps, les russes s’arrêtent à des démonstrations de leur présence, «il arrive parfois qu’ils aient des comportements jugés dangereux et non professionnels».
Par exemple, en 2000, un avion de chasse Soukhoï avait frôlé volontairement un bombardier américain B-52 afin de lui couper la route. Il s’agit pour le Kremlin de lancer des avertissements en réponse à l’activité grandissante des Occidentaux en mer Noire ou intimider les aéronefs afin de leur faire changer de plan de vol. Néanmoins, la Russie déclare être légitime lorsqu’elle intercepte un de ces avions au nom du respect d’une zone d’exclusion maritime et aérienne au large de la Crimée qu’elle a elle-même décrétée pour son opération en Ukraine.
En quoi l’interception de ce drone est-elle la démonstration d’une escalade des tensions entre Russes et Occidentaux
Il faut d’abord savoir qu’il ne s’agit pas de n’importe quel drone. Le MQ-9 Reaper est considéré comme le plus puissant et le plus destructeur des avions sans pilote de l’armée américaine. Il est d’ailleurs perçu par les spécialistes comme le meilleur drone de combat toutes armées confondues. On peut imaginer donc qu’il ne s’agissait pas d’une simple mission d’observation. Le Pentagone a diffusé les images de l’interception de son appareil par deux Soukhoï 27 russes. Le premier chasseur Soukhoï 27 se rapproche de l’engin américain en larguant de l’essence avec l’intention de le faire changer de trajectoire. Le chef d’état-major des armées Mark Milley dira: «Nous savons que le comportement agressif était intentionnel». Lors d’un second passage, vingt-quatre secondes plus tard, un des pilotes russes heurte le drone, endommageant une des pales de l’hélice et le forçant à se crasher en mer.