S’il a été tué le 21 mars 2022, la commission parlementaire, chargée d’enquêter sur les conditions du décès du berger corse, a rendu un rapport incendiaire concernant les conditions de l’agression mortelle dont il a été victime.
Six mois de travaux et 29 recommandations
La commission parlementaire chargée de l’enquête est présidée par le député LIOT de Haute-Corse Jean-Félix Acquaviva. Dans son rapport, les termes sont accablants pour l’institution judiciaire. En effet, le rapport, publié le 30 mai, dénonce une série de «de défaillances, d’inactions et d’erreurs» des autorités. Il met ainsi un terme à six mois de travaux et note 29 recommandations réparties en trois lignes majeures: le «renforcement de la détection et de la surveillance des détenus radicalisés dangereux», la «réforme impérieuse» du statut de «détenu particulièrement signalé» et l’amélioration de la prise en charge de «ceux présentant des troubles psychiatriques». Car, si le meurtre d’Yvan Colonna a particulièrement choqué, c’est le profil de son assassin qui a interpellé le plus.
Ce dernier, Franck Elong Abbé, détenu converti et radicalisé, n’avait rien à faire avec le militant corse. Elong Abbé était connu pour être très dangereux et souffrir de troubles psychiatriques sévères. Pour expliquer ces points, le président de la commission Jean-Félix Acquaviva et le rapporteur Laurent Marcangeli, député Horizons de la Corse-du-Sud, ont tenu une conférence de presse à l’Assemblée nationale de près d’une heure. L’assassin de Colonna purgeait une peine notamment pour un dossier lié au terrorisme islamiste. Les députés ont relevé la «sévérité» à laquelle était contraint Colonna quand une grande «mansuétude» était au bénéfice de Elong Abbé malgré sa très grande dangerosité.
Le meurtrier n’aurait jamais dû se trouver en présence de d’autres détenus
Connu pour des faits de terrorisme notamment en Afghanistan et ayant toujours commis des actes répréhensibles en prison, Franck Elong Abbé n’aurait jamais dû être en contact avec d’autres détenus. De plus, le rapport indique que l’administration pénitentiaire était parfaitement au courant des lourds troubles psychiatriques dont il souffrait. Dans ses recommandations, le rapport demande l’amélioration de la coordination entre «les différents services de renseignements, et de rendre obligatoire l’évaluation ou la réévaluation d’un détenu TIS (terrorisme islamiste, NDLR) avant son intégration en détention classique».