Mercredi 8 novembre, l’Élysée ne s’attendait pas à un rapport aussi cinglant. Pour les auteurs, la confiance profondément «dégradée» entre la France et l’Afrique doit être rétablie «d’urgence». Ceci afin d’éviter que la défiance envers le pays ne continue à se propager sur tout le territoire africain.
La France n’arrive pas à s’adapter aux «mutations africaines»
Le rapport est un constat de ce que disent les diplomates français et africains depuis l’arrivée de Macron à l’Élysée. Ainsi, on peut y lire que la France «a du mal à s’adapter» aux «mutations africaines», est «privée d’une connaissance fine du continent», et elle «refuse désormais de se doter d’une véritable politique africaine». Les auteurs n’hésite pas à parler d’une stratégie souvent «illisible». Les Africains, affirment-ils, «demandent une autre politique à la France» et il «faut agir d’urgence pour éviter un risque de contagion et de perte de confiance».
Sans le nommer explicitement, c’est bien le manque de culture de Macron et sa volonté d’établir des relations basées sur la société civile et le «soft power» qui sont pointés du doigt par les parlementaires. Le rapport note ainsi qu’«au-delà du vocabulaire renouvelé et de l’accumulation d’initiatives, souvent bienvenues, il manque peut-être l’essentiel : une offre stratégique précise et de long terme qui donne envie aux pays africains de maintenir des liens nourris et plus égalitaires avec la France». En effet, l’aspect militaire des relations entre la France et les pays africains semblent avoir disparu de la politique élyséenne.
Aucune vision politique et une posture illisible
On pourrait rappeler l’obsession de Macron avec l’Algérie tout en détruisant les relations avec l’allié et l’ami marocain en parallèle. Il y a eu la succession de coups d’État au Mali en 2020 et 2021, au Burkina Faso en 2022 puis au Niger en 2023 où Paris n’a pas su gérer ces situations. Si l’opération Barkhane, lancée en 2014 au Mali sous la présidence de François Hollande, a plutôt été «un succès militaire», juge Bruno Fuchs, député du MoDem et coauteur du rapport, il ajoutera: «Mais les erreurs sont multiples depuis. Il n’y a pas eu de vision politique […] et notre posture est devenue progressivement illisible. On a aussi quitté le terrain […] on a perdu l’a connaissance du terrain, et on agit comme l’on pense que l’on doit agir depuis Paris». Le rapport indique aussi que la France accepterait déjà l’idée d’avoir perdu toute influence sur le continent africain en soignant ses relations diplomatiques avec les BRICS qui prennent le contrôle, petit à petit, de l’Afrique.