Marine Le Pen et Jordan Bardella avaient prévenu le gouvernement qu’il était «sous surveillance». Si le Rassemblement national s’était dit prêt à négocier avec Michel Barnier, il avait mis aussi des «lignes rouges» à ne pas franchir, notamment sur le pouvoir d’achat des Français. Rien n’est fait au moment où nous écrivons ces lignes mais les déclarations de différents élus du parti de Marine Le Pen ne laissent que peu de doute sur la suite des évènements. Ainsi, le RN se dit prêt à voter une motion de censure avec la gauche pour faire tomber le gouvernement Barnier.
Les lignes rouges de Marine Le Pen
À la sortie de son entretien avec le Premier ministre lundi dernier sur le budget de l’État, la présidente du groupe RN à l’Assemblée a évoqué ses «lignes rouges». Parmi celles-ci, on trouve l’abandon de la hausse des taxes sur l’électricité, la désindexation des retraites sur l’inflation ou encore la baisse de remboursement de certains médicaments. Jean-Philippe Tanguy, député RN, assure «ne pas chercher une mesure» en particulier mais souhaite «un équilibre global». Il ajoutera qu’il regrette de ne pas avoir vu «de main tendue» de Michel Barnier sur le pouvoir d’achat des Français. Néanmoins, le ministre de l’Intérieur doute que les élus RN puissent voter le texte des insoumis. Il dira en ce sens: «Je ne crois pas à la motion de censure. Pour cela, il faudrait que Madame Le Pen accepte de mêler ses voix à celles de LFI». Il citera la proposition de loi des insoumis sur le délit d’apologie du terrorisme, vivement critiqué par l’ensemble de la classe politique, le RN en tête.
Une motion de censure qui semble inévitable
Mercredi matin, sur le plateau de BFMTV, le député RN Jean-Philippe Tanguy a annoncé que son parti votera «la motion de censure avec le Nouveau Front populaire». Si c’est le cas, elle aura toutes les chances d’être adoptée. En effet, en additionnant les voix du RN et du cartel des gauches, elle peut obtenir 320 voix, soit plus que les 289 nécessaires. Par conséquent, Michel Barnier risque donc de chuter dès la semaine prochaine sur le budget de la Sécurité sociale, soit le 2 décembre, après l’activation très probable du 49.3 qui permet de faire adopter un budget sans vote. Jean-Philippe Tanguy assume: «Les institutions et la réalité démocratique vous imposent de voter des choses parfois avec vos ennemis politiques. C’est comme ça. Ce qui compte, c’est l’effet».