Une commission d’enquête avait été créée au Sénat afin de déterminer les responsables du déficit budgétaire très nettement supérieur à ce qu’avait annoncé Bruno Le Maire, alors ministre de l’Économie et de Finances. Les conclusions du rapports des sénateurs est sans appel: «tous les anciens dirigeants, à Bercy, à Matignon comme à l’Élysée, ont leur part de responsabilité dans le creusement du déficit public». En effet, les auteurs de ce document, qui ont examiné les comptes et auditionné tous les acteurs en poste sur la période concernée, sont formels et parlent même d’un «déni collectif».
Bruno Le Maire avait pointé la gestion du gouvernement Barnier
Cette déclaration est, sans aucun doute, l’élément déclencheur de la colère des sénateurs. Alors que les vrais chiffres du déficit étaient tombés en octobre, soit cinq semaines après la nomination de Michel Barnier à Matignon, l’ex-locataire de Bercy l’avait désigné comme responsable du creusement du déficit. Initialement prévu à 4,4% du PIB, ce dernier sera de 6.1% en 2024. Mardi 19 novembre, Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances du Sénat va expliquer que cet effondrement des finances publiques est le résultat d’un «déni collectif» et de «l’irresponsabilité» des deux précédents gouvernements. Le sénateur LR de la Meurthe-et-Moselle va ainsi directement viser Élisabeth Borne et Gabriel Attal. Il dénoncera les mensonges de Bruno Le Maire et visera Emmanuel Macron, qui ne pouvait pas ne rien savoir sur la gestion du budget.
Tous savaient «dès 2023»
En effet, les auteurs du rapport affirment que «le gouvernement connaissait l’état critique dans lequel s’enfonçaient nos finances publiques dès 2023». Claude Raynal, président de la commission, ajoutera qu’«il aurait dû réagir vigoureusement mais ne l’a pas fait». Pourtant, preuve à l’appui, le sénateur de la Haute-Garonne avait alerté le gouvernement «dès 2023» mais ni Élisabeth Borne, ni Gabriel Attal n’ont pris les mesures nécessaires pour redresser les finances de l’État.
Pour rappel, le gouvernement avait annoncé un déficit de 3.7% dans le projet de loi de finances 2024, présenté en décembre 2023. Pourtant, une note de Bercy, datée du 11 septembre 2023, prévoyait un déficit de 6.9% si aucune mesure n’était prise. Les sénateurs mettent en avant aussi les nombreuses notes de la Direction générale des finances publiques, qui, dès le 30 octobre 2023, avaient alerté le gouvernement sur le très grand risque de dégradation des recettes. Tout le contraire de ce qu’a dit Bruno Le Maire devant la commission durant son audition.