Lors des vœux d’Emmanuel Macron devant les ambassadeurs français à l’Élysée, lundi dernier, le président de la République avait affirmé que l’Algérie «se déshonore» en maintenant en prison l’écrivain Boualem Sansal. Il a ainsi demandé aux autorités algériennes de libérer le franco-algérien âgé de 75 ans au plus vite. Mardi 7 janvier, Alger a répondu en qualifiant d’«immixtion inacceptable dans une affaire intérieure» les propos du chef de l’État sur l’interpellation et l’incarcération du septuagénaire.
Emmanuel Macron avait pourtant très largement nuancé ses propos
Pour rappel, le locataire de l’Élysée avait dit devant les ambassadeurs français lundi que «l’Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d’enfants et tant d’histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n’est pas à la hauteur de ce qu’elle est». Avant d’ajouter: «Je demande instamment à son gouvernement de libérer Boualem Sansal». Ce «combattant de la liberté est détenu de manière totalement arbitraire par les responsables algériens». L’écrivain franco-algérien a été transféré dans une unité de soins depuis la mi-décembre.
Pour le pouvoir algérien, Boualem Sansal est un danger pour «la sécurité de l’État»
Le ministère des affaires étrangères algérien a répondu fermement, dans un communiqué, au chef d’État français. «Des propos du président français qui déshonorent, avant tout, celui qui a cru devoir les tenir de manière aussi désinvolte et légère. Ces propos ne peuvent être que réprouvés, rejetés et condamnés pour ce qu’ils sont, une immixtion éhontée et inacceptable dans une affaire interne algérienne» peut-on lire dans ce document. Et d’ajouter: «Ce que le président français présente indûment et faussement comme une affaire de liberté d’expression n’en est pas une au regard de la loi d’un État souverain et indépendant. Elle relève essentiellement d’une mise en cause de l’intégrité territoriale du pays, un délit punissable par la loi algérienne». Au moment où nous écrivons ces lignes, l’Élysée n’a pas répondu à Alger et n’a actionné aucun levier en sa possession pour obtenir la libération de Boualem Sansal, plus otage que prisonnier.
La partie « que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d’enfants et tant d’histoires » n’aurait pas dû exister dans ce discours beaucoup trop mielleux, comme à l’habitude, d’ailleurs.