Désormais, plus aucune zone du territoire n’échappe aux déserts médicaux
Selon l’étude de la Drees, 65% des médecins déclaraient «être amenés à refuser de nouveaux patients» comme médecin traitant en 2022 et ceci en raison de la forte tension entre l’offre et la demande de soins. On constate ainsi des chiffres en hausse par rapport à 2019 où ils n’étaient que 53% à refuser des patients. On peut lire dans le rapport que «la part de médecins amenés à suivre moins régulièrement certains de leurs patients est, quant à elle, passée de 40% en 2019 à 44% en 2022». Les praticiens libéraux de moins de 50 ans sont ceux qui ont le volume d’activité le plus élevé,. Ils exercent en groupe ou sont ceux qui doivent faire face aux plus grandes difficultés de démographie médicale et adaptent davantage leurs temps de travail.
Si c’est un phénomène récurrent depuis plus d’une dizaine d’années, on remarque que même les centres des grandes villes n’échappent pas à cette réalité. De plus, on remarquera que l’étude ne traite pas des spécialistes, situation encore bien pire. En ligne de mire depuis encore plus longtemps, et exception française, le numerus clausus imposé en facultés de médecine. Celui-ci limite donc le nombre de nouveaux médecins diplômés et n’a été revu que pour la rentrée 2022. À cela s’ajoute les praticiens bientôt à la retraite ou qui pourraient déjà y être. Il y a un risque majeur pour la santé publique si l’on prend en considération aussi le détérioration de l’hôpital public.
Un ministère qui reste sourd à la réalité du terrain
L’enquête n’intervient pas par hasard. Elle arrive après des mois de contestation qui ont débuté dès l’été dernier. Le gouvernement doit aussi faire face à des groupes de médecins, hors syndicats, qui forment leurs propres revendications. On se rappelle alors que les dernières négociations ont repris exactement les termes du ministère de la Santé sans vouloir négocier avec les médecins généralistes et spécialistes. La rémunération et le temps de travail étaient au centre des débats. Si plus de 1550 praticiens ont été interrogés pour mener cette enquête, il n’est pas sûr que ce ne soit pas qu’un énième coup d’épée dans l’eau.