Si le coût à la journée est gigantesque, cette mise en application du texte risque d’entraîner une plus grande pénurie de médecins car ces derniers, habitués à une très haute rémunération, refuseront de venir travailler à l’hôpital. Il se tourneront plus volontiers vers des cliniques privées.
Un système à bout de souffle
Cet énième révélation sur le fonctionnement de l’hôpital publique montre bien au grand public à quel point le système de santé français s’effondre de toutes parts. Si on savait que les hôpitaux avaient recours à des intérimaires, personne ne savait combien ils étaient payés. Pourtant, conscients du manque cruel de médecins, les syndicats et de nombreux soignants mettent en gardent contre les conséquences possibles d’une telle mesure tout en approuvant paradoxalement le principe.
Ils sont mis devant le fait accomplis. Christel Baldet, infirmière anesthésiste à l’hôpital du Bailleul dans la Sarthe et vice-présidente du collectif Santé en danger, explique très bien qu’«idéalement, il faudrait se passer de cet intérim. Mais dans les conditions actuelles, ce n’est pas possible, sauf à mettre en péril l’hôpital public». Et prévient que «certains services hospitaliers risquent de fermer». Le texte aurait dû être appliqué dès 2021 mais pour le gouvernement de l’époque, il fallait «tenir compte du contexte actuel, avec notamment une situation sanitaire et hospitalière marquée par des mois de mobilisation pour lutter contre le Covid».
François Braun, droit dans ses bottes en pleine crise de l’hôpital
Si on comprend que le service public ne peut pas payer à prix d’or des médecins encore longtemps, fallait-il que cette mesure entre en vigueur alors que l’hôpital public connaît actuellement sa plus grande crise structurelle? Pourtant, pour le ministre donné sur le départ selon l’entourage du président de la République, il maintient de mener une lutte contre les «abus de l’intérim» et aussi «des dérives qui contribuent à détruire les équipes hospitalières et l’engagement des praticiens». Pour le seul exemple du Grand-Est, les chiffres fournis par les syndicats sont on ne peut plus explicites: 79 services d’hôpitaux publics de la région, dont 20 en anesthésie réanimation, risquent d’être impactés: 25 fermetures totales et 54 fermetures partielles. Le Samu, en conséquence, pourrait se retrouver «surchargé».