
Fabrice Balanche, professeur à l'Université Lyon-2 ©Capture d'écran RMC
La crise n’en finit plus de rebondir à l’université Lyon-2. Le 5 mai, son vice-président Willy Beauvallet-Haddad annonçait démissionner de ses fonctions d’encadrement, se disant victime de «harcèlement» et soucieux de «faire baisser la pression très forte» qui pesait sur l’établissement. En réalité, selon les informations du Point, sa démission a été obtenue à la suite d’un échange avec la présidente de l’université, Isabelle von Bueltzingsloewen. Mais aussi après une intervention directe du ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste.
Ouverture d’une enquête judiciaire
En effet, le parquet de Lyon confirme avoir ouvert une enquête pour «apologie du terrorisme». Celle-ci vise le vice-président démissionnaire, après réception d’un signalement du ministre, à la suite de propos tenus publiquement dans lesquels il rendait hommage à Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah libanais. Pour rappel, il s’agit d’une organisation considérée comme terroriste par l’Union européenne.
En septembre 2024, au lendemain de la mort de Nasrallah dans une frappe israélienne, le vice-président de Lyon 2 écrivait: « Il est mort au milieu des siens pour la grande cause [palestinienne et arabe] et il a rejoint le panthéon de nos cœurs et des grands personnages de l’Histoire». Une déclaration sans ambiguïté, partagée sur ses réseaux sociaux. D’autres messages publics affichaient également son soutien à la «résistance» palestinienne.
Néanmoins, interrogé mardi 6 mai sur France 2, dans l’émission Les 4 Vérités, le ministre Philippe Baptiste s’est dit consterné. «Un signalement a été fait pour ces faits qui peuvent relever de l’apologie du terrorisme», a-t-il expliqué. Et de poursuivre: « Je suis profondément choqué, et je ne vois pas comment on peut être vice-président d’une université quand on écrit des choses pareilles».
Démission sous pression
Dans un courriel envoyé lundi 5 mai à ses collègues, Willy Beauvallet-Haddad évoque une «campagne de dénigrement public» visant ses prises de position sur la situation au Proche-Orient. Une version mise à mal par les déclarations du ministre, qui révèlent une pression exercée en haut lieu. La présidence de l’université a acté, dès lundi après-midi, la fin de ses fonctions exécutives.
«En toute logique, il devrait maintenant faire l’objet d’une commission disciplinaire au sein même de l’université», confie une source ministérielle. «Il a quand même rendu un hommage appuyé à un terroriste».
Le 1er avril, l’université avait été le théâtre d’une agression spectaculaire. En effet, le professeur Fabrice Balanche, spécialiste du Moyen-Orient, avait vu son cours interrompu par des militants masqués du collectif «Lyon-2 Autonome». Il l’accusait de «racisme» et de «sionisme». Une enquête est en cours sur des menaces de mort visant la présidente de l’établissement, conspuée, cette fois, pour avoir enfoncé son professeur à la suite de son agression.
Depuis plusieurs mois, le climat sur le campus de Bron, l’un des deux sites de Lyon 2, est marqué par une radicalisation de l’activisme politique: slogans hostiles à Israël, prières organisées dans les salles de cours, débats sur la Palestine sous haute tension, blocages, iftars militants. Plusieurs enseignants dénoncent une direction «débordée» et des zones de non-droit laissées aux groupes les plus radicaux. Willy Beauvallet-Haddad, activiste pro-palestinien, était «l’un des relais institutionnels de cette frange militante», affirment plusieurs témoins.