Les organisations hors syndicats
C’est la marque aussi d’une perte de pouvoir des syndicats traditionnels. Aussi nombreux soient-ils, ils ne représentent qu’eux. On l’a bien vu lors des blocages des raffineries où il n’y avait que quelques salariés cégétistes qui bloquaient les usines. Désormais, les mouvements s’organisent hors de toute structure via les réseaux sociaux. Même de grandes entreprises comme la SNCF ont vu les contrôleurs faire grève en dehors de tout syndicat. Plus récemment, ce sont les médecins qui se sont organisés avec Facebook. Raymond Soubi, ancien conseiller de Sarkozy lors de la réforme des retraites de 2010, dira que ces mouvements «témoignent d’une forme d’affaiblissement syndical, au même titre que la classe politique. Ces groupes sont une gêne, voire une menace pour les organisations, car elles les poussent à durcir leurs positions».
Une peur réelle du retour des Black Blocs
Un cadre de la Préfecture de Polie de Paris expliquera qu’à «chaque grande manifestation sociale, on doit faire face à des éléments extrêmement violents. Il n’y a malheureusement pas de raison de penser que ce ne sera pas le cas jeudi. On sait que ce sera compliqué». Il précise encore : «L’objectif sera d’isoler les fauteurs de trouble mais ils risquent de se mettre au milieu des manifestants…». C’est pour cela que, d’ici le 19, des réunions ont lieu entre représentants syndicaux et police pour une meilleure organisation du service d’ordre.
Les jeunes: le facteur incertain
Si d’un côté, des conseillers de l’Élysée pensent qu’ils ne seront pas présent en masse parce qu’il ne se sentiraient pas concernés par la réforme, d’autres, bien au contraire, estiment tout l’opposé. Le président de la Fidl, syndicat de lycéen, prévient: « Ils baignent dedans car ils entendent leurs parents et leurs profs en parler. C’est un sujet qui les interpelle et les inquiète». Stéphane Sirot, spécialiste de la sociologie des grèves, abonde dans le sens d’une présence massive des jeunes: «La question des retraites et des salaires met en jeu une problématique commune, le prix du travail: ‘‘C’est quoi, ma vie? Je bosse et après je finis à l’Ehpad ?’’».