Il est devenu ainsi un des plus grands espions de notre époque contemporaine. Ami de Pierre Mendès France, proche conseiller de Valéry Giscard d’Estaing et intime de François Mitterrand, il a été au service de l’Union soviétique durant 35 ans.
«Un des plus grands espions soviétiques de la Ve République»
Ces révélations interviennent après un long travail effectué dans les archives du KGB par Étienne Girard, l’actuel rédacteur en chef «société» de L’Express, et de la journaliste Anne Marion. Nicole Grumbach, la veuve de Philippe Grumbach, était bien au courant et a confirmé cette information à l’hebdomadaire. Pour Étienne Girard, «proche de Mitterrand et de Giscard, il a été, à l’insu de tous, un des plus grands espions soviétiques de la Ve République». Dans l’edito écrit par Girard et Éric Chiol, on peut lire: «Il était impossible de ne pas dévoiler cette zone d’ombre au sein d’un journal qui, de Jean-Jacques Servan-Schreiber à Jean-François Revel, de François Mauriac à Raymond Aron, s’est toujours attaché à combattre les utopies totalitaires et les ravages du communisme».
D’autres grands noms ont trahi la France
On peut citer ainsi Charles Hernu, socialiste, ministre de la Défense sous Mitterrand, qui travaillait aussi pour le KGB et les pays satellites. En 2016, une enquête de L’Express avait révélé que Claude Estier, président du groupe socialiste au Sénat de 1988 à 2004, a été un agent de la police secrète roumaine de Ceausescu de 1982 à 1986. Plus récemment, en 2022, L’Obs avait montré que Jean Clémentin, rédacteur en chef du Canard enchaîné, a été un espion pour la Tchécoslovaquie de 1957 à 1969.
Grumbach était aussi passé par Libération, l’AFP et Le Figaro. Il sera aussi membre du Haut conseil de l’audiovisuel de 1977 à 1981. Éric Chol, à l’origine de l’enquête, rappellera que «cette pénétration soviétique dans les sphères du pouvoir durant la guerre froide doit en permanence nous appeler à un devoir de vigilance». Il souligne ainsi la réalité des tentatives d’ingérences dans la vie politique française.