Si les médias en parlaient depuis plusieurs semaines, le gouvernement ne souhaitait pas dire les choses, tout simplement. Pourtant, mercredi 10 août, le ministre de la Santé François Braun a reconnu que plusieurs services d’urgence sont actuellement fermés en France. Il s’était pourtant refusé à évoquer une telle situation jusqu’à encore une semaine, dans un contexte d’inquiétudes sur la capacité des hôpitaux à traverser l’été. La déclaration publique ne change rien aux faits constatés par bon nombre de nos compatriotes mais, une fois encore, le refus par un responsable politique d’accepter la réalité n’est pas compréhensible.
Le délai est cours mais suffisant pour en dire long sur la communication du gouvernement. Il aura fallu attendre une semaine pour que le ministre de la Santé le reconnaisse. C’est sur l’antenne de RTL qu’il a déclaré: «En termes de fermetures, c’est-à-dire un service d’urgences qui n’accueillerait plus personne, il y en avait quatre avant le mois de juillet, il y en a huit aujourd’hui». Il faut alors rappeler les propos du même ministre En déplacement au CHU de Nantes le 3 août dernier, pour parler des mesures mises en place par le gouvernement pour faire face à la crise des hôpitaux publics, le ministre de la Santé François Braun avait ainsi été interrogé sur la question de ces services. «Il n’y a pas de fermetures des urgences», avait-il alors indiqué sur BFMTV, tout en appelant à cesser d’utiliser ce terme «qui fait peur», et ce, malgré des témoignages en ce sens des professionnels de santé et des enquêtes des journalistes, images à l’appui.
Le besoin de minimiser
L’association Samu-Urgences France, que François Braun a lui-même présidée juste avant de rejoindre le gouvernement, rapportait dans une enquête début août que de multiples services d’urgences avaient fermé pendant plusieurs jours en juillet. Cette enquête s’inscrit dans un contexte d’inquiétudes des soignants quant à la capacité des hôpitaux à traverser l’été, sur fond de manque de lits et de personnel. Il y avait de quoi avoir « peur » selon les termes employés par Braun.
S’il a finalement reconnu l’existence de fermetures, il a toutefois relativisé leurs conséquences. Parmi les huit établissements fermés, un chiffre par ailleurs bien inférieur à ceux rapportés par les professionnels et les médias, «il y a quatre cliniques avec des services d’urgences publiques à proximité», a nuancé François Braun. «Il faut raison garder». Le ministre a par ailleurs réitéré que toutes les parcelles du territoire français continuaient à disposer de services d’«urgences vitales», si besoin via des équipes mobiles du Samu. Samu qui, lui aussi, crie son désespoir face aux manque de soignants pour répondre aux appels des malades.