
Emmanuel Macron sur le plateau de TF1, mardi 12 mai 2025 ©Capture d'écran TF1
Le président de la République pensait redorer son image avec cette interview fleuve de plus de 3h. Comme beaucoup d’observateurs l’avaient prédit, y compris à l’Élysée, ce fut l’effet inverse. Le choix des intervenants avaient suscité la stupéfaction. Les propos de Macron ont plus que surpris: tout va bien en France depuis son arrivée au pouvoir.
Comme prévu, l’intervention télévisée d’Emmanuel Macron, diffusée mardi 13 mai sur TF1, a suscité une vague de réactions négatives dans la classe politique. De droite comme de gauche, de nombreux responsables ont dénoncé une absence d’annonces significatives et un exercice jugé vain. L’attente d’un grand tournant, notamment sur les questions migratoires, s’est transformée en frustration.
Macron fait l’unanimité contre lui
À droite, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a résumé l’opinion de nombreux opposants: «Cette émission d’Emmanuel Macron est à l’image de son mandat: un bavardage vain qui ne masque plus son impuissance généralisée». Le refus du président de convoquer un référendum sur l’immigration cristallise la colère. Éric Ciotti a fustigé une occasion manquée: «70 % des Français exigent pourtant ce référendum !». Marion Maréchal a dénoncé une «gifle à la démocratie» et un mépris du «désir des Français d’être enfin entendus sur la question la plus cruciale pour l’avenir du pays».
Pour l’Union des droites pour la République, ce refus de consulter les électeurs marque un «grand déni présidentiel». L’un de ses responsables a attaqué le discours d’Emmanuel Macron sur l’état du pays. « Non Emmanuel Macron, si la France va mal, ce n’est pas parce qu’elle est pessimiste. C’est à cause de votre bilan», a-t-il déclaré.
Un discours ambigu sur l’islamisme
La séquence internationale de l’entretien n’a pas échappé aux critiques. Emmanuel Macron a qualifié l’offensive israélienne à Gaza de «honte» pour le gouvernement Netanyahou. Une déclaration jugée déplacée par le député RN Julien Odoul, qui a rappelé la réception récente à l’Élysée du Syrien Ahmed al-Charaa, affilié à un groupe islamiste radical. «Et ce que fait le chef terroriste islamiste de Syrie, c’est quoi ?», a-t-il lancé, dénonçant une forme d’hypocrisie diplomatique.
Du côté de la gauche, le JDD relève que les réactions n’ont pas été plus indulgentes. Jean-Luc Mélenchon a estimé que le chef de l’État n’avait «rien dit, rien proposé». Le leader de La France Insoumise a raillé la couverture médiatique de l’événement: «Les programmateurs qui ont changé leur matinale se sont fait avoir». Marine Tondelier, à la tête des Écologistes, a évoqué «un pétard mouillé». Le socialiste Olivier Faure a résumé la soirée en une phrase: «Trois heures pour dire aux Français que rien ne va changer». Fabien Roussel (PCF), enfin, a dénoncé une forme d’autosatisfaction déconnectée des attentes populaires: «Pendant qu’il s’autocongratule, la France attend».
Les critiques convergent sur un même point. En effet, le président n’a convaincu ni ses adversaires politiques ni une partie de l’opinion. L’entretien, qui devait marquer une étape dans le second quinquennat d’Emmanuel Macron, semble avoir accentué le fossé entre l’exécutif et les représentants des partis d’opposition. À l’approche des élections municipales, cette séquence pourrait renforcer l’hostilité croissante envers la majorité présidentielle.