Un média trop gros pour le PAF ?
Dans leur communiqué commun, les dirigeants des chaînes expliquent qu’«il apparaît que seuls des remèdes structurels concernant a minima la cession de la chaîne TF1 ou de la chaîne M6 seraient de nature à permettre l’autorisation de l’opération». Une perspective inacceptable pour les deux groupes, dans la mesure où elle vidait, selon eux, tout le projet de sa substance. «Les parties ont donc conclu que le projet ne présentait plus aucune logique industrielle».
L’autorité a vraisemblablement bloqué sur un point des plus importants: le poids de TF1 et de M6 en matière de publicité à la télévision. Le nouvel ensemble aurait représenté environ 70% du marché. Les deux groupes savaient que ce point posait problème. Mais ils arguaient que cette vision était archaïque et qu’il fallait aujourd’hui adjoindre à ce marché celui de la publicité numérique où les géants américains du Net règnent sans partage. Visiblement, TF1 et M6 ont conclu que l’autorité n’était pas du tout disposée, sur ce point crucial pour l’opération, à changer sa façon de penser… très dépassée.
Une Autorité coincée dans le siècle précédent
On peut effectivement se demander si cette organisme connaît son secteur d’activité et est consciente des mutations sans précédent de ces dernières années. C’est donc tout naturellement que TF1 et M6 ne cachent pas leur agacement vis-à-vis de l’Autorité de la concurrence. Celle-ci aurait, selon eux, dû prendre en compte «l’ampleur» et à «la vitesse» des «mutations du secteur de l’audiovisuel français». TF1 et M6 estimaient que leur union était nécessaire pour mettre les bouchées doubles dans le streaming et concurrencer «les plates-formes internationales» comme Netflix ou Disney+, présentées comme leurs principaux concurrents dans les années à venir. S’ils en sont vraiment persuadés, une question se pose désormais: TF1 et M6 vont-ils bientôt réduire drastiquement leur coûts pour dégager le cash dont ils ont besoin pour rivaliser avec les géants de la vidéo à la demande? La question est cruciale pour leur survie et, une chose est sûre, ces groupes ne seront pas aidés par le gouvernement.