Affaire Traoré : la mère de l’un des gendarmes mis en cause sort du silence

« Nous ne sommes pas une famille de fachos », déclare au Parisien, Virginie Gautier, la mère de l’un des trois gendarmes mis en cause dans la mort d’Adama Traoré, 24 ans, tué dans une gendarmerie du Val-d’Oise, en 2016. Cette dernière sort du silence en s’exprimant dans un livre à paraître jeudi 29 septembre. 

Une mère militante anti-raciste 

« Mon fils n’est pas un assassin ». C’est le titre de son livre, écrit avec un journaliste du Point, Erwan Seznec. Avant la sortie de l’ouvrage, elle se confie au Parisien. Son fils ne peut quant à lui pas parler aux médias, car il est soumis au devoir de réserve. Virginie Gautier se dit de gauche, syndicaliste, militante anti-raciste et fille de journaliste. Selon elle, la presse et l’opinion publique n’ont entendu qu’une version des faits, celle d’Assa Traoré, la sœur d’Adama, soutenue par la version de leur avocat.

D’après elle, alors que les gendarmes ne sont toujours pas mis en examen, « dans la tête de beaucoup, ils sont coupables ». Une partie de cette responsabilité revient aux médias, dit-elle encore. Ils auraient fait une icône d’Assa Traoré. « Adama, c’est une marque déposée à l’Institut National de la Propriété Industrielle, propriété collective de 10 membres de la famille Traoré qui se décline en photographies, t-shirts, cartes, serviettes de papier », ajoute-t-elle. Pour elle, les journalistes ont été dupés. Quant aux artistes comme Omar Sy, ils auraient « crié au racisme et à la violence sans savoir ». 

« Une erreur de casting » 

« On a volontairement fait un amalgame entre l’affaire George Floyd aux États-Unis et l’affaire Adama Traoré. J’ai manifesté pour Black Lives Matter à Nantes et je suis d’accord avec Assa Traoré, 6 ans d’instruction, c’est beaucoup trop long. Mais si la justice est trop longue, ce n’est pas pour cacher la vérité, c’est parce que l’avocat de la famille Traoré a volontairement utilisé tous les artifices pour faire traîner l’instruction », revient-elle. La famille d’Assa Traoré aurait été coaché, depuis le début, « par des militants semi-professionnels et des révolutionnaires germanopratins », affirme de son côté Erwan Seznec. 

L’homme enquête sur l’affaire depuis le début et soutient qu’il y a « une grave erreur de casting. Il n’est pas le Georges Floyd français et sa demi-sœur Assa Traoré n’est pas Angela Davis. Même parmi ses amis, le reproche monte : elle a transformé un deuil en rente, accédant à un statut de quasi-rock star. C’est terrible à dire, mais c’est factuellement irréfutable : la mort de son demi-frère est la chance de sa vie ». Des « mots terribles », selon France Culture. « C’est peut-être le mot de trop dans cette interview, la mort d’un proche n’est pas une chance », conclut encore ces derniers. 

Des violences policières en hausse

Sur les 1 460 enquêtes, menées par l’IGPN (Inspection générale de la police nationale),  868 concernent des violences volontaires, soit une augmentation de 41 %, par rapport à l’année précédente. Cette hausse serait notamment due au mouvement des gilets jaunes, avec 310 dossiers. En revanche, aucun chiffre précis n’est donné pour savoir si ces violences sont à caractère raciste. 

Néanmoins, une trentaine d’enquêtes étaient en cours en 2019 pour des faits de racisme.  80 % de jeunes Noirs ou Arabes ont été contrôlés par la police entre 2012 et 2017 : c’est 16 % de plus que pour le reste de la population, selon les chiffres du Défenseur des droits.