Deux mois après le lynchage à mort de Jérémy Dasylva, accusé d’un cambriolage, à L’Escarène, commune de l’arrière-pays niçois, trois personnes ont été arrêtées, mardi 13 décembre, par les gendarmes. Il s’agirait de personnes proches de la retraitée soi-disant cambriolée.
Une omerta
Deux des suspects ont été arrêtés dans les Alpes-Maritimes, le troisième dans la région de Perpignan, selon des sources concordantes citées par Le Parisien. Ils ont été placés en garde à vue pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Les enquêteurs ont dû mettre en place un travail minutieux, car depuis plusieurs semaines, une véritable omerta plane sur cette affaire, dans cette petite commune de 2 500 habitants.
La chronologie exacte des faits commence à se dessiner. Le 12 octobre, aux alentours de 20 heures, l’appartement de Muguette, retraitée de 66 ans, est cambriolée. « J’étais dans ma chambre pour allumer la télévision. J’ai vu passer une ombre dans la salle à manger », raconte-t-elle au Parisien. « C’était un homme, avec une capuche, qui s’est enfui avec ma carte bleue et 45 euros que j’avais posés sur la table ». Elle aurait alors crié pour faire fuir le voleur. C’est là que « des jeunes » auraient poursuivi le cambrioleur présumé dans les rues, avant de le tabasser. Ce dernier, Jérémy Dasylva, meurt deux jours plus tard, à l’hôpital, « d’un choc septique consécutif à une perforation de l’intestin grêle résultant d’un choc traumatique à l’abdomen », d’après l’autopsie.
Un soulagement
Si la retraitée affirme qu’elle ne sait rien de l’agression, les images de vidéosurveillance montrent que c’est elle qui a alarmé certains de ses proches. La victime, connue des services de police, a d’abord réussi à s’enfuir, avant d’être rattrapé. Les gardes à vue devraient nous aider à y voir plus clair sur les circonstances du drame.
« C’est un soulagement. Les coupables devront être punis. J’ai hâte de savoir pourquoi ils ont fait ça et ce qu’il s’est réellement passé. Il y aura malheureusement beaucoup de tristesse avec cette affaire : celle de la famille du défunt, son père terrassé, sa compagne, un enfant qui ne verra plus son papa et les familles des personnes impliquées qui iront peut-être en prison », d’après Pierre Donadey, maire de L’Escarène. Sa commune aurait subi des violences depuis le drame. « Ces violences peuvent malheureusement arriver dans un autre village, j’espère alors que si cela se produit, il ne sera pas traité comme nous l’avons été. Les villageois de l’Escarène ont été traités de tous les noms. Ces interpellations vont permettre qu’on ne mette plus d’étiquettes sur notre village ».