« Tout était levé, tout était éteint, il n’y avait pas de signal sonore au passage à niveau », selon Nadine Oliveira la conductrice de bus jugée pour homicides involontaires. Le 14 décembre 2017, six collégiens sont morts et 17 ont été blessés dans la collision entre le car scolaire, qu’elle conduisait et une rame TER, dans les Pyrénées-Orientales. Et c’est bien là toute la question qui entoure ce procès, qui s’est ouvert lundi 19 septembre, devant le tribunal correctionnel de Marseille.
« Ça aurait pu arriver à tout le monde »
L’attitude de la conductrice dérange les familles des victimes. « Je pense qu’elle est dans le déni, qu’elle ne dit pas tout. Elle a craqué. C’est compréhensible. Il y a quand même un choc. Mais je pense qu’elle craque parce qu’elle ne sait pas trop ce qu’elle veut dire », d’après Stéphan, père d’une jeune victime, à la sortie du tribunal, auprès de 20 Minutes. « ’C’est un accident. Ça aurait pu arriver à tout le monde, même si ça n’arrive pas à tout le monde. Dans le dossier, il y a des choses qui laissent perplexes. Est-ce que la barrière était levée ? Ce n’est pas impossible », dit quant à lui Sylvain, le père d’une autre victime.
Le jour de l’accident, la conductrice, Nadine Oliveira, franchit le passage à niveau 25 de la commune de Millas, comme elle l’a très souvent fait depuis qu’elle occupe ce poste, soit depuis quelques mois. À chaque fois qu’elle a traversé, le passage était ouvert, la voie entièrement libre. Mais cette fois-là, son car a heurté un TER, qui est arrivé au même moment. Mais depuis cinq ans, la juge d’instruction, certains témoignages et des expertises de la SNCF affirment le contraire. Mais Nadine Oliveira maintient sa version des faits, coûte que coûte.
Prudente et consciencieuse
Elle se présente comme une conductrice « à l’aise, prudente et consciencieuse ». « Est-ce que vous êtes sûre parce que vous revoyez la scène ou parce que l’admettre serait trop difficile ? », essaye de la faire avouer Céline Ballérini, la présidente de la Cour. En larme, Nadine Oliveira répond : « Je revois bien la scène. Tout était levé, il n’y avait pas de signal sonore. Une fois engagé, je prends de la vitesse. Et plus rien. Je me réveille par terre avec plein de cris. Il y avait des enfants sur ma droite par terre. Et j’ai essayé de me lever, mais je ne pouvais pas bouger ».
« Pour moi, elle ne s’en est pas aperçue la pauvre. Elle a poussé la barrière. Elle était bien basse. Elle allait doucement », raconte Georges, l’un des témoins, un automobiliste. Selon lui, la barrière s’est abaissée et le car scolaire a forcé le passage à niveau, jusqu’à ce que la barrière se plie. « Moi, j’ai mes souvenirs, eux, ils ont les leurs », revient la conductrice. L’audience de ce mardi 20 septembre sera consacrée aux collégiens, aujourd’hui plus adultes, qui ont été blessés dans cet accident.
Pour la conductrice du car, il ne peut en être autrement. Elle n’avait aucune intention de nuire aux enfants dont elle avait la charge. Pour elle, les barrières étaient levées et les systèmes sonores et visuels n’étaient pas en action de prévenir l’arrivée d’un train.
Il reste les faits et les résultats des diverses expertises. Une barrière de passage à niveau même en matériau léger laisse des traces sur une carrosserie. Si les signaux visuels et sonores fonctionnaient avant et après l’accident c’est qu’ils ont fonctionné au moment de celui-ci.
Quand on voit les exploits du BEA pour trouver dans un environnement bien plus difficile les causes d’un accident aérien, la Justice se déshonorerait de ne pas résoudre la triste affaire d’un bus scolaire.
Selon un reportage TV diffusé sur cet évènement (je ne me souviens plus de la source, désolé), la conductrice aurait été victime d’un fâcheux concours de circonstances (Train en retard ce même jour, effet d’habitude de voir le passage à niveaux toujours ouvert, feux rouges visuels mal positionnés quand le car prend son virage donc invisibles, difficultés à entendre les sonneries du fait du bruit dans le car…). Ainsi, elle aurait très bien pu plier la demi-barrière fermée sans même s’en rendre compte, étant probablement concentrée sur la manœuvre délicate de contournement du terre plein central juste avant le passage. C’est un accident tragique et on peut comprendre qu’en toute bonne foi, elle puisse croire en son témoignage, sans oublier le possible déni d’une bien triste réalité: la mort qui a emporté plusieurs enfants. Que le pardon ramène la Paix et que la psychologie éclaire la justice.
Peut-être à t’elle raison les barrières étaient levées.