Ce qui devient régulier pour les partis d’opposition revient dans la sémantique des alliés de Macron: le manque de vision. Ici, l’ancien Premier ministre dénonce le fait que le gouvernement nomme les problèmes sans y apporter de solutions. Pire, il les aggrave. Officiellement toujours proche de Macron, mais de plus en plus indépendant, «libre» dira-t-il, le maire du Havre ne manque pas de planter quelques flèches bien ciblées sur ses anciens collègues, notamment Bruno Le Maire.
Un positionnement en vue de la prochaine élection présidentielle
Le président d’Horizons a décidé de passer clairement à l’offensive contre la gestion du budget de l’État par «ses alliés» macronistes. S’il souhaite de «l’ordre dans les comptes», il a bien conscience du discours ambigu des Français. D’un côté, il y a le souhait très fort d’un État moins interventionniste donc d’une baisse des impôts et des taxes. De l’autre, il y a une demande d’aides sur quasiment tous les domaines de la vie. Par conséquent, selon Philippe, il faut revenir à un discours du réel considérant qu’on «peut gagner une élection en disant la vérité, y compris quand elle est difficile à entendre».
Il n’hésitera pas à tacler la décision de réaliser 10 milliards d’économies de Le Maire en expliquant que c’est un chiffre «nécessaire» mais insuffisant, selon le maire du Havre, et à mettre en parallèle du «déficit public (qui) s’est creusé de plus de 50 milliards d’euros» entre le budget 2020 et celui de 2024. À la question de savoir «comment faire pour que les choses fonctionnent mieux sans dépenser beaucoup plus?», Édouard Philippe répondra: ««Le président de la République disait beaucoup – et j’étais d’accord – que, quitte à dépenser, il fallait réformer massivement» et de poursuivre immédiatement par un tacle bien senti: «Aujourd’hui, le problème, c’est qu’on ne réforme pas grand-chose».
La dette de l’État «doit être une obsession politique»
S’il a conscience que le sujet peut paraître abstrait pour une grande partie des Français, il estime que ne pas s’en soucier «est une idée très dangereuse». Il explique ainsi que la dette «ce doit être une obsession politique. Parce que lorsqu’on la laisse filer, on perd progressivement sa souveraineté. On devient dépendant de ceux qui financent notre train de vie». Et d’ajouter «Si la rigueur, c’est de toujours se demander si un euro d’argent public est bien dépensé, bien sûr qu’il faut de la rigueur. C’est une vertu». Le patron d’Horizons préfère donc parler de «sérieux plutôt que de rigueur». Il conclura en disant: «On peut gagner une élection en disant la vérité, y compris quand elle est difficile à entendre».
Encore un qui oubli qu’il a été aux commandes, sans faire mieux qu’aujourd’hui ?
Il a raison, mais c’est pour les élections présidentielles qu’il critique, il ne risquait pas quand il était ministre, hypocrite jusqu’à l’os.