Il a ainsi souligné que «c’est d’abord un message d’unité de notre Europe» à son arrivée au château de Prague, où a lieu cette réunion inédite qui rassemble 44 pays. Le Président français a par ailleurs insisté sur la nécessaire «solidarité européenne» face à la crise énergétique.
Si la Communauté politique européenne est un format inédit, c’est qu’elle est destinée à souligner l’isolement de Vladimir Poutine, sept mois après le début de l’offensive russe en Ukraine. Macron a rappelé que cette CPE était un rassemblement beaucoup plus large que l’Union européenne avec 17 pays invités en plus des 27 membres du bloc. Saluant une «grande innovation», le chancelier allemand Olaf Scholz l’a jugée en écho bonne «pour la paix , la sécurité et le développement économique». Le Premier ministre belge Alexander De Croo a insisté en disant que «le continent européen entier est réuni ici, à l’exception de deux pays: la Russie et la Biélorussie. Cela montre à quel point ces deux pays sont isolés».
Cette réunion accouchera-t-elle de quelque chose?
Rien n’est moins sûr. En effet, si l’on peut difficilement parler de nouvelle structure, cette assemblée suscite de nombreuses interrogations sur ses contours, son rôle et surtout sa pérennité. Derrière ce nouvel acronyme, on trouve des tensions latentes et des pays aux trajectoires radicalement différentes vis-à-vis de l’UE: Norvège, Ukraine, Suisse, Turquie, Royaume-Uni, Moldavie, Serbie, Azerbaïdjan, etc. Quel dénominateur commun entre des candidats déclarés et impatients à l’adhésion, des pays qui savent que la porte leur est fermée pour longtemps et le Royaume-Uni qui a choisi il y a six ans de quitter l’UE avec fracas?
La CPE s’inscrira-t-elle dans la durée ou rejoindra-t-elle la longue liste des projets sans lendemain sur le continent, à l’image de la Confédération européenne proposée en 1989 par François Mitterrand? Ne risque-t-elle pas, enfin, de devenir une antichambre dans laquelle les candidats à l’adhésion seront contraints de patienter éternellement? Pour la France, il s’agit d’un «complément» et non d’une «alternative» au processus d’adhésion à l’UE. On peut considérer que chaque réunion ne doit pas donner forcément lieu à une nouvelle structure politique et économique.
Une union face à la Russie, rien de plus
Elvire Fabry, de l’Institut Jacques Delors, explique à l’AFP que les organisateurs du sommet espèrent l’annonce de possibles projets de coopération concrets, en particulier sur l’énergie. Pour le reste, «il y a un enjeu d’affichage face à Poutine qui est important». Mais, si l’image des 44 dirigeants réunis aura du poids, « elle ne suffira pas », prévient-elle. Pour la suite, la France espère une réunion au printemps 2023 avec une alternance entre pays membres de l’UE et pays non membres. La Moldavie est sur les rangs pour accueillir le prochain rendez-vous.
Toutefois, il ne faut pas enterrer les problèmes existants entre certains pays nés bien avant le conflit russo-ukrainien. Par exemple, les tensions entre la Grèce et la Turquie ont connu un nouvel épisode jeudi soir à Prague: selon le président turc Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a quitté le dîner officiel du sommet européen informel pendant son discours. «J’ai fait un discours, le monsieur est apparu très mal à l’aise. En raison de cet inconfort, et en dépit de l’étiquette, je ne sais pas qui lui en a donné l’autorisation, sans doute le président, mais il est sorti et s’est exprimé dehors».
Cependant, Macron, dont l’Histoire n’est pas son point fort, veut faire fi de ces dissensions. Il a insisté un peu plus tôt auprès de son homologue turc Erdogan sur la nécessité d’imposer des sanctions à la Russie en raison de la guerre en Ukraine et de lutter contre tout «contournement» en la matière. L’Élysée, à l’issue d’un échange entre les deux dirigeants en marge de la première réunion de la Communauté politique européenne, a indiqué qu’il «a souligné l’importance des régimes de sanctions européens pour mettre fin à l’escalade russe et a appelé à lutter contre toute stratégie de contournement».