Emmanuel Macron relance le nucléaire. Baisse de la production de Flamanville et nouveaux retards… Dans un contexte difficile pour le nucléaire français, Emmanuel Macron s’est rendu ce jeudi à Belfort, où il a annoncé la construction de 6 nouveau réacteur de type EPR.
« Reprendre en main notre destin énergétique et donc industriel. » Tel est la manière dont a commencé le discours d’Emmanuel Macron. Accompagné de plusieurs ministres, Emmanuel Macron s’est exprimé en début d’après-midi sur le site de fabrication des turbines Arabelle. Un lieu tout sauf innocent : EDF a officialisé ce matin un accord d’exclusivité pour le rachat d’une partie de l’activité nucléaire de GE Steam Power, dont les fameuses turbines à vapeur Arabelle. Les turbines Arabelle appartenaient à Alstom jusqu’en 2015, date à laquelle elles ont été vendues à General Electric aux États-Unis. La décision stratégique controversée est intervenue pendant le mandat d’Emmanuel Macron en tant que ministre de l’Économie. Le discours présidentiel, organisé le jour où EDF a officiellement acquis les éoliennes, espère être l’occasion pour Emmanuel Macron de réparer le « péché originel » de la politique énergétique.
Une vision en matière d’énergie
A Belfort, les salariés de General Electric attendaient la venue d’Emmanuel Macron dans le hangar où celui-ci a pris la parole. Le chef de l’Etat a détaillé sa vision en matière d’énergie dans ce déplacement aux allures de campagne. « C’est un patrimoine, c’est aussi pour cela qu’on fait ce choix, avec l’entreprise nationale [EDF], de reprendre, de bâtir une souveraineté, et surtout de se donner un avenir », répond le président de la République aux élus syndicaux. EDF a officialisé ce matin un accord d’exclusivité pour le rachat d’une partie de l’activité nucléaire de GE Steam Power, dont les fameuses turbines à vapeur Arabelle où s’est exprimé Emmanuel Macron. « le but aura pour objet de donner une vision sur la politique énergétique de la France jusqu’à 2050 ». La vision qu’Emmanuel Macron a mise en avant s’articule autour de trois priorités : réduire nos consommations d’énergie, développer largement et immédiatement les énergies renouvelables (solaire, éolien, etc.) et enfin, assurer la pérennité du parc nucléaire. constituent une Base [de Production d’Energie] Complémentaire à l’ENR. »
6 nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR
Emmanuel Macron souhaite agir sur les six nouveaux réacteurs de type EPR, comme le souhaite EDF. L’Élysée a laissé le scoop au président de la République pour « annoncer l’ampleur du futur programme nucléaire », comme précisé lors d’une conférence de presse sur le déplacement de Belfort qui s’est achevé mercredi matin. Il a détaillé le « futur programme nucléaire français » brièvement évoqué le 9 novembre. Dans ce cas, il a annoncé le nombre de réacteurs EPR dont le démarrage est prévu en France dans les années à venir. Six ou plus selon les espoirs d’EDF. L’enjeu est à la fois d’avancer vers l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 et de donner à la filière nucléaire française la visibilité nécessaire pour redémarrer… et recruter, précise l’Élysée. De son côté, Greenpeace dénonce le déni de démocratie. « Il est des choix qui engagent la nation sur le temps long : plusieurs décennies, parfois un siècle. Les choix qui concernent l’énergie, l’investissement dans les infrastructures sont de ceux-là » a-t-il déclaré. « Il n’y a pas de production industrielle stable si il n’y a pas une énergie stable aux prix les plus compétitifs. Il n’y a pas de transition énergétique et climatique si il n’y a pas de décarbonation de l’énergie produite, en particulier notre électricité. »
Reprendre en main le destin énergétique des Français
Le président de la République a martelé son objectif : « Faire en trente ans de la France le premier grand pays du monde à sortir de la dépendance aux énergies fossiles et renforcer notre indépendance énergétique et industrielle dans l’exemplarité climatique ». Selon le président de la République, pour cela, « il faut réduire de 40% notre consommation énergétique en 2050. » Le deuxième chantier est de produire davantage d’énergie décarbonnée car le monde de demain sera plus électrique. « La sortie du pétrole et du gaz d’ici 30 ans implique que nous remplacions une part des énergies fossiles par de l’électricité. » D’abord, il faudra reprendre la production d’énergie renouvelable en réduisant les délais de production. « Car nous avons pris du retard« , explique-t-il. Pour Emmanuel Macron, « nous n’avons d’autre choix » que de miser à la fois sur les énergies renouvelables et nucléaires. Les auteurs du rapport de RTE, cités par Emmanuel Macron, confirment que même en maintenant une politique « agressive » sur le nucléaire, « sans développement significatif des énergies renouvelables, atteindre la neutralité carbone est impossible« .
Développer l’éolien marin
Emmanuel Macron annonce son souhait d’implanter 50 parcs éoliens en mer pour 2050. Atteindre la neutralité carbone « est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables » et ce même en maintenant une politique “volontariste” vis-à-vis du nucléaire. Pour l’heure en France, une seule éolienne fonctionne actuellement en mer. Il s’agit d’un mât de démonstration, qui se trouve au large du Croisic (Loire-Atlantique). Par rapport à ses voisins européens qui comptabilisent plus de 5 400 éoliennes installées en mer, la France est en retard, expliquait en janvier le journaliste de France 3 Simon Ricottier sur le plateau du 19/20. « Imagine-t-on une France où il y aura d’ici 30 ans 40 000 éoliennes au lieu de 8 000 aujourd’hui et 90 parcs éoliens offshore quand notre pays a mis 10 ans pour en faire un ? »Emmanuel Macron juge « pas sérieuses » les propositions des partisans de la sortie du nucléaire.
Le parc actuel du nucléaire français
56 réacteurs, répartis sur 18 centrales nucléaires, composent aujourd’hui le parc nucléaire français. En 2050, plus des trois quarts des personnes auront 60 ans, et avant cela, EDF et RTE pilotent leur usage. « La dynamique du déclin nucléaire sera particulièrement brutale à partir de 2039, avec des arrêts moyens de 4 Gwe/an d’ici 2050 », rappelait un rapport d’avril 2019 du lobby nucléaire français Sfen.
Un discours, thème de la future présidentielle
Un discours aux allures de programme de campagne. En 2017, le candidat Emmanuel Macron a tenu sa promesse, héritée de François Hollande, de réduire le nucléaire à 50 % de la production d’électricité. Cinq ans plus tard, le président sortant, qui n’est pas encore officiellement candidat à sa réélection, a changé d’avis. Son discours peut être vu comme un signal fort aux Français pour assurer aux Français que les coûts de l’énergie, l’un des thèmes centraux de la campagne présidentielle, ne dépendront pas des importations, la hausse des prix des importations affectant fortement le pouvoir d’achat, autre thème majeur de la un événement. Il a annoncé le lancement de la construction de 6 EPR de nouvelles générations en France et l’étude de la mise en chantier de huit autres avant 2050. « La décennie passée a été marquée par un doute international sur le nucléaire. Une période de glaciation suite aux événements terribles à Fukushima. (…) Ce que nous avons à bâtir aujourd’hui, parce que les conditions sont réunies, c’est la renaissance du nucléaire français. » » Concrètement, nous allons engager dès les semaines à venir les chantiers préparatoires : finalisation des études de conception, saisine de la commission nationale du débat publique, définition des lieux d’implantation… »
Choix du progrès
Emmanuel Macron de Belfort a fait applaudir Jean-Pierre Chevènement par le public. « Il se bat pour ce document depuis des décennies, ne laissant personne, y compris le vôtre, vraiment, mais toujours avec beaucoup de rigueur et de justice« , a-t-il déclaré. Avant de conclure : « La France, par la stratégie dont elle se dote, fait le choix du progrès, de la confiance en la science, en la technologie et en la raison. La France fait le choix du climat, en se donnant les moyens d’atteindre ses objectifs de réductions des émissions de gaz à effets de serre, et d’être une des plus grandes nations à sortir de sa dépendance aux énergies fossiles. la France fait le choix de l’industrie et de l’emploi. » Emmanuel Macron conclut son discours sur « l’indépendance et la liberté de la France » en matière énergétique.