Malgré les attaques, la normalisation du Rassemblement national se poursuit

De plus, fort de ses 88 députés et avec un changement de ligne avec le tandem Marine Le Pen / Jordan Bardella, le visage du RN a considérablement changé. Macron n’a pas été le seul à recadrer la cheffe du gouvernement. D’autres ministres ont aussi estimé que la comparaison n’avait plus lieu d’être. Mais, le compliment le plus inattendu viendra certainement de Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale. Parlant de Sébastien Chenu, elle dira de lui que c’est «un excellent vice-président».

Le RN est-il en train de devenir un parti comme les autres?

Il semble que le respect des consignes de Marine Le Pen le jour de l’arrivée des députés à l’Assemblée a porté ses fruits. Elle avait demandé de ne faire aucun bruit, de respecter à la lettre le règlement de l’Assemblée nationale et de ne faire aucun débordement. Ces recommandations ont payé et le «cordon sanitaire» n’existe plus vraiment. En commission, il n’est pas rare que des accords soient passés avec les autres formations allant jusqu’à la gauche de Renaissance mais aussi LFI. On se souvient que, lors du vote pour obliger les mairies à apposer le drapeau européen sur leur fronton, la vice-présidente LFI, Caroline Fiat, avait été chercher les députés RN pour voter contre ce texte avec eux.

Il y a donc bien une différence entre le discours devant les caméras, radical, intransigeant, et le travail parlementaire, politique, du monde réel. Les députés RN sont présents, posés, connaissent les dossiers. Cela agace car les oppositions voudraient plus voir des caricatures lepénistes plutôt que des professionnels de la politique. De plus, comme pour enfoncer le clou, non seulement, ils ont obtenu des présidences et vice-présidences de commissions parlementaires qu’ils dirigent sans contestation mais, en plus, la majorité présidentielle a confié à Sébastien Chenu et Hélène Laporte deux vice-présidence de l’Assemblée nationale. Un des cadres de Renaissance dira même: «On a clairement accepté qu’ils soient élus. Je le regrette mais c’est comme ça… Et, il faut bien avouer qu’humainement, ce ne sont pas les pires».

La présidente de l’Assemblée nationale félicite son vice-président

Comme cela ne suffisait pas, dans un entretien accordé au Figaro, Yaël Braun-Pivet, qui arrive parfois à garder sa liberté de ton, a admis sans ambiguïté, qu’elle appréciait Sébastien Chenu. Elle ira jusqu’à dire: ce n’est pas «un bon mais un très bon vice-président de l’Assemblée». État de grâce qui fait craindre à bon nombre de sénateurs que, lors des élections de septembre, des candidats RN fasse leur entrée à la Haute assemblée.