Selon le communiqué de l’Élysée, lors de ce déjeuner de travail, les deux dirigeants ont discuté notamment «défense», «économie» et «énergie», «afin de renforcer les coopérations franco-allemandes». «Ils reviendront tout particulièrement sur les défis communs que nos pays devront affronter dans la décennie à venir et sur la meilleure manière d’y répondre de façon unie et solidaire».
La guerre en Ukraine et la crise de l’énergie: les vrais tournants
La décision prise par le chancelier allemand sans consulter ses partenaires européens, et en particulier le président français, de débloquer une enveloppe gigantesque de 200 milliards d’euros pour amortir le choc de la hausse des prix de l’énergie pour les ménages et les entreprises allemandes a fait grincer bien des dents à Bruxelles. Merkel, au moins, faisait semblant. Scholz n’est pas de la même école. Pourtant critiqué pour son manque de solidarité et accusé par Macron de provoquer «l’isolation» de l’Allemagne, le dirigeant allemand n’a de cesse de répéter que les autres pays européens, la France comprise, ont également pris des mesures nationales pour limiter la casse dans leur propre pays. Il ne manque pas non plus une occasion de rappeler la solidarité de l’Allemagne et l’importance de son engagement financier au budget de l’UE, en particulier lors de la crise du Covid.
S’il est critiqué par les européens, il l’est encore plus dans son propre pays. Ainsi, le député vert Anton Hofreiter, président de la commission chargée des Affaires européennes au Bundestag, le Parlement allemand, a rappelé au chancelier la «responsabilité» qui lui incombe et lui demande de se «réconcilier» avec Emmanuel Macron en arguant que «si le tandem franco-allemand ne fonctionne pas, nous avons un problème pour toute l’Europe».
Peut-on espérer une nouvelle entente?
Depuis le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine, nous constatons de grands changements dans la géopolitique et la diplomatie telles que nous les connaissions jusqu’alors. La guerre en Ukraine est en train de modifier les équilibres en Europe, le rôle de l’Allemagne se retrouvant renforcé. «Avec le Président Macron, note le quotidien Tagesspiegel, l’Allemagne a encore un partenaire qui pense en termes européens. Berlin devrait en profiter. En particulier en raison des sentiments antigermaniques que les populistes d’extrême droite et d’extrême gauche sont en train de propager en France». Toutefois, l’entêtement de Scholz, sur les questions de l’énergie comme sur celles de l’armement, divise la classe politique allemande et surprend côté européen. Si des promesses vont être prononcées au cours de ce rendez-vous, encore faudra-t-il les tenir.