Et il faut trouver des solutions pour que l’activité continue. Paradoxalement, quand il est interdit d’installer une chaudière au fioul pour les particuliers depuis le 1er juillet 2022, c’est bien vers ce combustible que se tournent les grandes entreprises.
La pénurie de gaz et d’électricité comme une évidence
Si les prochains mois ne sont pas menacés, nos stocks de gaz sont remplis au maximum de leur capacité, c’est l’hiver qui inquiète. En effet, de très nombreux facteurs exceptionnels sont arrivés en même temps et, à cela, s’ajoute des hypothèses qui ne sont pas grotesques: un hiver particulièrement rude, le gaz naturel liquéfié qui va être difficile d’obtenir sans compter l’arrêt des livraisons par Gazprom du gaz russe et l’arrêt de 4 centrales nucléaires, etc. Pour le gouvernement, il faut trouver des solutions à ces défaillances. C’est donc vers les entreprises qu’il dirige ses mesures les plus drastiques. Mercredi 31 août, Élisabeth Borne a déclaré sur TMC: «On ne va pas couper le gaz chez les ménages français, mais c’est sur nos entreprises, les gros consommateurs, qu’il pourrait y avoir des coupures».
Des conséquences désastreuses
Trois grands secteurs sont particulièrement inquiets: l’agro-alimentaire, la métallurgie et la chimie. Par exemple, quel rapport peut-il y avoir entre les produits laitiers et des coupures de gaz? Christophe Piednoël, directeur général de la communication et des relations extérieures du groupe Lactalis, leader mondial des produits laitiers, donne une réponse claire: «S’il n’y a plus de gaz, on ne peut pas faire tourner nos usines et nos produits ne seront plus en rayons» car «Il n’y a pas d’alternative possible car pour pasteuriser le lait nous devons le chauffer». Quant à l’électricité, cela rendrait la collecte du lait impossible. «Il ne suffit pas d’appuyer sur un simple bouton pour redémarrer un process. Une coupure d’électricité implique une rupture de la chaîne du froid».
Frank Roubanovitch, président du CLEE, l’association regroupant de grands consommateurs d’énergie dans le tertiaire et l’industrie, explique très bien que «il n’y a pas de souplesse dans l’utilisation du gaz dans les process industriels, c’est très binaire. Dans l’industrie agro-alimentaire, par exemple, le gaz est utilisé pour chauffer et sécher les produits. La seule façon de baisser la consommation de gaz, c’est de diminuer la production. Cela signifie moins de nourriture et moins de produits en magasins, ce qui peut provoquer une récession », pointe-t-il. Selon lui, l’exécutif devrait orienter davantage sa communication en matière de sobriété sur la baisse de la consommation énergétique dans le tertiaire et chez les particuliers. «Dans le secteur industriel, nous pouvons le faire, mais il y aura de lourdes conséquences économiques» conclut-il.