Toutefois, en l’absence de majorité absolue pour les macronistes à l’Assemblée, ce nouveau revers était attendu. Examiné en première lecture, le texte a été repoussé par 309 voix contre 243, avec une coalition des oppositions. Toutefois, le gouvernement a l’intention de le défendre à nouveau au Sénat. C’est Gabriel Attal, qui est apparu plus qu’agacé , qui estime que «les oppositions ont inventé le vote d’autocensure, elles se privent d’instruments essentiels pour évaluer l’action publique». Il a ensuite déclaré que «le texte va continuer à cheminer au Sénat». Mais pour quel résultat?
Des votes dans le même sens mais pour des raisons différentes
Si, à droite, Véronique Louwagie (LR) a regretté une «énième occasion manquée» de réduire les dépenses, l’insoumise Charlotte Leduc a critiqué une «idéologie austéritaire». Tandis que son collègue apparenté socialiste Christian Baptiste tacle la «rigueur budgétaire» pour «rassurer les marchés». Le RN Philippe Lottiaux, quant à lui, voit dans ce texte une «programmation factice» pour «complaire à l’Union européenne». Le texte avait déjà été rejeté en commission. Il a été présenté mardi expurgé d’une grande partie de sa substance sans que cela satisfasse une majorité de députés.
Élisabeth Borne n’aura pas recours au 49.3
Le ministre des comptes publics avait affirmé que le rejet du texte pourrait provoquer «un retard, un délai voire une amputation des fonds européens» versés dans le plan de relance. Toutefois, la Commission européenne n’a pas spécifiquement confirmé un tel risque mais rappelle l’attachement du Conseil européen à «la soutenabilité du taux d’endettement de la France». Cette déclaration de Gabriel Attal a été mal perçue par les élus qui connaissaient la position de la Commission sur ce point.
Par exemple, le député Charles de Courson (groupe Liot), membre de longue date au budget, a réagi à ces propos immédiatement et taclant le jeune ministre: «On n’aura plus d’aides européennes? Ça ne tient pas. Le rejet cet après-midi met en difficulté le gouvernement dans ses relations avec Bruxelles, ça c’est vrai. Mais ils (le gouvernement) pourront toujours dire: à coups de 49.3 on fera voter chaque année un budget et une loi de financement de la Sécurité sociale conformes à ce qu’on avait envisagé de faire».