
Le livret A subit une désaffection inédite en 2025, les épargnants privilégiant l’assurance-vie ©Pixabay
Les habitudes d’épargne des Français évoluent sensiblement depuis le début de l’année. Alors que le livret A a longtemps représenté un placement refuge, il est désormais en net recul. En avril 2025, ce support d’épargne a enregistré des retraits nets de 200 millions d’euros. Cette tendance est encore plus marquée sur les quatre premiers mois de l’année, avec une collecte atteignant seulement 1,53 milliard d’euros, contre 7,64 milliards sur la même période en 2024, selon Capital, jeudi 22 mai.
Un regain d’intérêt pour l’assurance-vie
En effet, dans le même temps, l’assurance-vie connaît un regain d’intérêt. Ainsi, les dépôts sur ce produit ont progressé de 1,9 milliard d’euros entre janvier et mars, comparé au premier trimestre 2024. Cette bascule s’explique en grande partie par l’érosion continue du rendement du livret A. Passé de 3% à 2,4% en février, ce taux devrait encore diminuer à 1,7% dès le 1er août 2025. Cette décision a été confirmée par les calculs de la Banque de France. Face à cette rentabilité déclinante, les épargnants réorientent leur stratégie.
Selon Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, les Français «redéploient une partie de leur épargne de précaution vers des produits de long terme comme l’assurance-vie». Effectivement, ce produit offre aujourd’hui une meilleure perspective de rendement. Le gel du taux du livret A pendant plusieurs mois a provoqué une réaction logique. On observe donc que les épargnants cherchent des solutions plus rémunératrices.
Deux produits financiers très différents
Toutefois, le livret A et l’assurance-vie ne répondent pas aux mêmes objectifs. Le premier reste un outil de gestion quotidienne des imprévus, avec une disponibilité immédiate des fonds. L’assurance-vie, en revanche, est un produit destiné au financement de projets à long terme, comme un achat immobilier ou la préparation de la retraite. Ce décalage rend leur comparaison délicate.
En outre, on constate une autre différence majeure: la garantie du capital. Ici, le livret A est garanti à 100% par l’État. Mais, à l’inverse, l’assurance-vie ne protège intégralement que les sommes investies en fonds euros. Les unités de compte, plus risquées mais potentiellement plus rentables, sont soumises à la volatilité des marchés. Ce risque mesuré n’a toutefois pas dissuadé les épargnants, qui semblent accepter une part d’incertitude pour un gain espéré plus élevé. De plus, sur le plan fiscal, l’assurance-vie se révèle aussi moins avantageuse à court terme.
De fait, les gains réalisés sont soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 % si des retraits sont effectués avant huit ans. Le livret A, lui, bénéficie d’une exonération totale d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux. Cette différence incite certains contribuables à conserver une partie de leur épargne sur le livret A, malgré sa rentabilité décroissante. En définitive, ce changement d’orientation traduit une maturité croissante des épargnants français, qui diversifient davantage leurs placements. Ils vous appartient alors d’arbitrer désormais entre liquidité, sécurité et rendement, avec une conscience plus fine des atouts et des limites de chaque support.