Un jeune ministre respecté
«Attal est tout sauf un idiot. Il sait faire de la politique. Il traite. Il est au rendez-vous», dira un sénateur qui reconnaît avoir changé d’avis sur ce jeune homme jugé arrogant au premier regard. Tard dans la soirée, Élisabeth Borne a eu un rapport complet des échanges. Toutefois, tous ces efforts n’ont pas été déployés pour éviter un recours au 49.3 car il n’y en a pas au Sénat. Le ministre des Comptes publics est venu négocier un compromis global sur le projet de loi de finances et la loi de programmation des finances publiques (LPFP), qui détermine la trajectoire du déficit pour les quatre années à venir. Car, pour le moment, les finances du pays sont sans ligne directrice. Le texte a été rejeté par l’Assemblée nationale le 25 octobre. Mais la Chambre haute, elle, l’a adopté le 2 novembre dans une version très largement modifiée par ses soins.
Jean-François Husson, le rapporteur du budget, est d’accord pour dire, à propos de ces rencontres entre Attal et les différentes formations au Sénat, qu’«on se jauge. On essaie de déjouer le bluff éventuel, tout en se disant que ça aurait de la gueule d’adopter une LPFP. Et donc qu’on pourrait trouver une voie d’atterrissage pour le projet de loi de finances». Un membre du cabinet du ministre dira même «on n’a pas encore topé, mais notre volonté est bien d’arriver à un deal».
Des points de tensions non négociables
Il y a deux point sur lesquels les sénateurs restent intransigeants: tout d’abord, la suppression de l’article 23 de la LPFP et de son avatar, l’article 40 quater du projet de loi de finances, qui impose aux collectivités locales une réduction de leurs dépenses de fonctionnement de 0,5 % (hors inflation) sous peine de sanctions financières. Puis, que l’État prenne sa part dans le redressement des comptes publics, c’est à dire une part égale à celle des collectivités. Christine Lavarde explique que «c’est une question de responsabilité». Pour cela, les sénateurs réclament 37 milliards d’euros d’économies sur le quinquennat. Jean-François Husson affirme que «le gouvernement nous dit que ce n’est pas tenable, que c’est trop brutal. Mais commençons par 4 milliards l’année prochaine. Si ce n’est pas tenable, c’est que le gouvernement n’a pas la volonté d’y arriver».