Une inflation très forte qui ne dit pas son nom
C’est l’ONG Foodwatch qui a tiré la sonnette d’alarme dès jeudi dernier. Elle dénonce dans son rapport une pratique de certains industriels qui consiste à diminuer le poids ou le volume des produits sans pour autant en faire baisser le prix. Par conséquent, cela entraîne une hausse des prix sur un grand nombre de produits sans que le consommateur y fasse attention. Ce dernier va dépenser plus pour acheter moins. Le terme qui caractérise cette pratique s’appelle «shrinkflation» que l’on peut traduire par inflation masquée.
Camille Dorioz, responsable des campagnes pour Foodwatch France, explique au Parisien: «Il s’agit de réduire la taille des produits avec un tarif à l’unité qui n’augmente pas ou peu, mais un prix au kilo ou au litre qui s’envole». Or, selon les derniers chiffres publiés par l’INSEE mercredi 31 août, les prix à la consommation ont augmenté de près de 6% sur un an, 9,1% en global. Paradoxalement, on s’étonnera du fait que la pratique soit légale! Si la mention du poids ou du volume, en petits caractères au dos du produit, change, il est assez difficile de repérer le changement car les deux références ne sont pas au même moment présentes dans les rayons. «Même en mettant côte à côte l’ancien et le nouveau produit, il est parfois difficile de faire la différence», dénonce Camille Dorioz.
Des marques pointées du doigt
Les industriels ne manquent pas d’imagination pour justifier leurs pratiques: packaging plus écologique, rationalisation de la gamme et changement de recettes par exemple. De plus, l’argument de l’augmentation des matières premières ne tient pas la route pour la plupart d’entre eux car, enquête à l’appui, les changements de formats avaient été réalisés avant la flambée des prix. Ainsi, le pot de margarine Saint-Hubert Omega 3 Bio, passé de 240 à 230g il y a deux ans, avec un prix qui a augmenté de 18 % au kilo depuis, selon les relevés de l’ONG. La marque met ainsi en avant des changements d’emballage pour faciliter le recyclage dans un «contexte de fortes tensions sur les coûts des matières premières». On peut citer aussi Teisseire, les sucres Saint-Louis, le fromage Kiri ou encore l’eau Salvetat.
Si la pratique est légale, il faut en informer clairement le consommateur. Les industriels pointés du doigt par Foodwatch indiquent d’ailleurs être en conformité avec la législation, puisque le grammage ou le litrage inscrit en tout petit sur les emballages correspond au poids ou au volume du produit. «Nous ne pouvons pas et nous ne voulons pas interdire cette pratique, souligne Camille Dorioz. Nous demandons juste à ce que les consommateurs en soient informés de manière claire, en accordant la même place que celle pour les promotions.».