C’est pourtant un cri d’alerte qui avait été lancé par tous les services pédiatriques des hôpitaux publiques le mois dernier. Il a fallu une épidémie de bronchiolite d’une virulence inédite depuis plus de dix ans pour que le ministre de la Santé, François Braun, annonce mercredi le déclenchement du plan national prévu dans les situations sanitaires exceptionnelles dans tous les hôpitaux français.
Une décision tardive
Devant le Sénat, le ministre a déclaré: «J’ai décidé ce matin, en complément de tout ce qui était déjà mobilisé, de déclencher le plan ORSAN (organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles) spécifique à cette épidémie, pour renforcer encore les moyens des ARS (agences régionales de santé) et permettre que l’ensemble de l’hôpital puisse se concentrer sur ce problème particulièrement aigu aujourd’hui».
Il précise, oubliant au passage de rappeler que les professionnels de santé avaient alerté sur les tensions au sein des services pédiatriques jusqu’à faire grève pour que les enfants puissent être pris en charge, que «le dispositif ORSAN, créé en 2014, permet de réorganiser l’offre de soins à l’hôpital, mais aussi en ville et dans le secteur médico-social pour réaffecter les ressources au regard des priorités identifiées». Dans les faits, cela se traduit par rappel du personnel hospitalier» et le «renforcement de la permanence des soins ambulatoires», c’est-à-dire des gardes des médecins libéraux le soir et le week-end, voire, «si les moyens locaux ne suffisent plus», par la mobilisation de la réserve sanitaire.
Pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant d’agir?
Combien aura-t-il fallu d’enfants en grande souffrance, de familles séparées, de soignants à bout de fatigue pour déclencher le plan blanc? Le ministre fait mine de prendre les choses en main alors qu’il connaissait la situation dès début octobre. Il rappelle donc que cette annonce fait suite au déblocage d’une rallonge de 400 millions d’euros pour les hôpitaux, destinée à soutenir la pédiatrie et les autres «services en tension», notamment via le doublement de la rémunération des heures de nuit jusqu’au 31 mars. Le ministre a également engagé des discussions en vue des «Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant», qui se tiendront au printemps 2023, beaucoup trop tard pour les professionnels de santé.