Guy Poyen, directeur marketing et digital clients du Crédit Agricole, explique que « conformément à notre engagement sociétal et environnemental, nous avons souhaité encourager les clients faisant déjà le choix d’investir dans des biens à faible émission de carbone et à faible consommation énergétique ».
Une volonté de lutter contre les passoires thermiques ?
On pourrait penser que c’est bien ce qui motive cette banque toutefois, compte tenu des nouvelles législations en vigueur et celles à venir, c’est aussi un moyen de protéger le futur patrimoine de ses clients qui pourraient se retrouver avec des biens invendables ou très difficiles à louer. De plus, c’est faire fi de l’immobilier ancien qui n’est pas concerné par ces mesures.
Toutefois, l’offre du prêt se veut attractive mais est très peu utile sur le fond. Nommée «prêt immobilier durable», cette offre prend la forme d’un prêt à taux zéro plafonné à 10 % du besoin de financement dans la limite de 50.000 euros. Guy Poyen précise «avec ce plafond de 50.000 euros, nous couvrons aussi bien l’achat d’un appartement, qui nécessite chez nous un emprunt moyen de 300.000 euros, que celui d’un pavillon neuf générant un besoin de financement moyen de 500.000 euros» .
On peut ajouter que l’argument n’est essentiellement que marketing et destiné à attirer de nouveaux clients car, compte tenu de la réalité du parc immobilier dans la zone d’influence du Crédit Agricole (Paris et plus généralement l’Île-de-France hors Seine-et-Marne), la cible potentielle de ce crédit à 0 % s’avère limitée. À l’automne dernier, une étude parue sous l’égide des Notaires de France estimait à 26 % la part des transactions ayant porté en 2020 sur des logements anciens étiquetés A, B ou C.
Peu de résultats pour le Crédit Agricole
Seulement 524 emprunteurs ont obtenu ce prêt à 0 %. Le lancement de cette offre n’a fait l’objet d’aucune campagne promotionnelle à grande échelle et la banque indique ne pas avoir d’objectifs de production. Le responsable marketing de la caisse régionale explique qu’«on en a parlé sur les réseaux sociaux et informé nos clients en interne sur nos outils digitaux». Mais ce crédit s’adresse bien aussi aux prospects. «Cette offre est distribuée sur tous les canaux, en agence, via le site e-immo (il sert à initialiser une demande de prêt en ligne, NDLR), via les courtiers partenaires et aussi les promoteurs qui passent l’information à leurs clients ».
Florent Noclercq, manager en Banque de détail chez Sia Partners, précise: «alors qu’autrefois l’offre verte des banques s’articulait essentiellement autour de «green bonds», produits d’investissement, elles étendent désormais plus largement leur gamme de produits et services à dimension environnementale et sociale». Ainsi, La Banque Postale indique mener actuellement une réflexion «pour transformer son modèle en profondeur ainsi que son offre de produits, dont l’offre de crédit immobilier fait partie, au service d’une transition juste». Nous sommes encore loin d’une révolution verte chez les banquiers.